INTRODUCTION
Il est certes présomptueux de résumer ce monument de la pensée politique française en un seul article, mais Dieu aidant, je tiens à m’y atteler. Je destine ces lignes davantage aux non-initiés qu’aux admirateurs du Maître de Martigues pour lesquels je risque d’énumérer des évidences. Puissent-t-elles faire naître en ceux qui le méconnaissent, le désir d’en savoir plus et de se pencher plus en profondeur sur sa pensée.
BIOGRAPHIE
Né le 20 avril 1868, Charles Maurras peut être qualifié de journaliste, d’essayiste, d’homme politique et de poète. Son talent mis en exergue par sa force de travail lui a valu l’honneur d’acquérir un siège à l’Académie française fondé par Richelieu. Ce siège lui fût soustrait suite à son injuste condamnation d’après-guerre, à de la prison ferme pour « intelligence avec l’ennemi », lui qui a pourtant combattu Hitler par sa plume douze années durant :
« Je le répète, il n’y a pas de plus grand danger national que l’hitlérisme et le soviétisme ! à égalité. Et ces deux sont faits pour s’entendre. La carte le confirme, l’avenir le dira »
1939, après l’invasion de la Pologne par le Reich.
Il est le théoricien du Nationalisme Intégral, sa relation à Dieu est fluctuante durant sa vie ou il s’est longtemps revendiqué agnostique, tout en soulignant la nécessité pour la France d’avoir un régime Monarchique Héréditaire soumis à la Doctrine Sociale de l’Eglise. Ses maîtres à penser sont à n’en point douter Aristote, Platon, Saint Thomas d’Aquin, Dante, Hippolyte Taine, Joseph de Maistre, Antoine de Rivarol, Louis de Bonald, la Tour-du-Pin et Antoine Blanc de Saint Bonnet. Sa bibliographie étant abondante, je me contenterais dans cet article de mettre en lumière les grandes lignes de son ouvrage « Mes Idées Politiques » paru en 1937.
SON GRAND DEFI CONTRE LES ERREURS DU SIECLE
Il a combattu par le Logos toutes les erreurs modernes, du communisme au nazisme en passant par le libéralisme, à l’image d’Antoine de Rivarol, sans être athée pour autant, il fait « l’économie de la transcendance » dans ses analyses, ce qui le rend audible même pour un naturaliste. Ses compagnons de route les plus important sont Léon Daudet, Jacques Bainville et Maurice Pujo, mais son influence sur son temps fut telle que de nombreux penseurs et hommes politiques ont été bercé par son journal l’Action Française dans les années 20 : Le Maréchal Pétain, Le Général de Gaulle, Robert Brasillach, Marcel Déat, François de la Rocque, Maurice Bardèche et Pierre-Antoine Cousteau entre autres. Son Nationalisme diffère sur certains points de celui de Maurice Barrés.
Dans son livre phare, il y fait d’indispensables rappels -d’autant plus en 2023- sur la nécessité de la hiérarchie, de l’autorité et de la présence d’un chef délié de toute l’étreinte néfaste de l’électoralisme et du parlementarisme.
« Il était idiot de penser qu’une si grande nation puisse marcher la tête en bas »
Antoine de Rivarol.
Ennemi du pouvoir totalitaire des puissances d’argent, Maurras étant un être de nuance, torpille pourtant la démagogie hystériquement antitriche :
« Il faut des seigneuries fortes pour qu’il y ait des bourgeoisies prospères, des bourgeoisies prospères pour qu’il y ait des métiers actifs et des arts florissants »
« Les têtes puissantes et généreuses font plus que la beauté et l’honneur du monde, elles en sont d’abord l’origine et le salut. »
On pourrait faire un rapprochement avec la pensée de Saint Bernard de Clairveaux, qui au XIIème siècle parlait de « rétablir une certaine égalité par l’aumône ». En effet, il est plus saint de laisser libre court à la générosité volontaire des riches, plutôt que de céder aux sirènes despotiques d’un communisme qui juge moral d’arriver à l’égalité par un partage contraint et subit. La situation de la France aujourd’hui témoigne, au vu du matraquage des PME par les charges et l’étatisme rampant à peine dissimulé des gouvernements successifs de Mitterrand à Macron, qu’il faut ménager les hommes de bonnes volontés qui entreprennent et donnent du travail aux français, au risque de les voir fuir -en toute légalité- en Roumanie ou en Chine où le coût du travail est moindre. Je n’érige pas ces pays là en modèle, mais il ne faut pas se voiler la face.
ANTILIBERAL ET ANTICOMMUNISTE
L’essayiste pose aussi ce constat lumineux :
« Les spéculateurs qui écument l’épargne publique ne font jamais leur sale métier avec une impunité plus tranquille que lorsque les jalousies populaires sont attristement détournée contre la richesse acquise et contre les deux cents familles. »
Sous sa plume acérée, tout le monde y passe, les anarchistes compris :
« Ces polémistes de l’anarchie ont une idée digne d’eux quand ils prétendent que les relations humaines sont nécessairement tendus et aigris par l’expérience des inégalités ; elles le sont bien plus par la proclamation d’égalités qui n’existent point ».
Comme la disait Ferdinand Lassale (Théoricien Socialiste Prussien) « Il faut apprendre au peuple qu’il est malheureux ». Comprenez bien, afin de l’utiliser comme chair à canon pour les basses besognes de quelques bourgeois de gauche privilégiés et qui ne cherchent qu’à prendre la pouvoir pour ne jamais le rendre, tel un Karl Marx qui a trouvé le prolétariat et ses infortunes dignes d’intérêt, pour permettre sa révolution, et non l’inverse.
Il me semble important de rappeler que le programme en cinq points de l’Illuminisme Bavarois dans les années 1780, était je cite « L’abolition de toute monarchie, de toute religion, de toute hiérarchie, de tout privilège de naissance déclaré injuste (par qui ?), et de toute propriété ». Que les anarcho-communistes de bonne foi qui me lisent, sachent pour qui ils travaillent.
LE SALUT DE LA FRANCE PAR LA MONARCHIE
Fort de ces constats, voyons désormais en quoi le Roy Absolu est un rempart contre la ploutocratie. Un prince héréditaire, en plus d’avoir la qualité d’être élevé à régner, ne peut être choisi par une oligarchie pour ses propres intérêts, car sa légitimité ne peut être remise en cause ou en jeu. Au contraire, quand il est vertueux, et notre histoire nous a prouvé que cela arrivait fréquemment (Dagobert Ier, Pépin III, Charlemagne, Louis VI, Philippe Auguste, Saint Louis, Philippe le Hardi, Henri III, Louis XIII, Louis XV, Charles X), il peut être un rempart entre ces puissances d’argent et les petites gens toujours appauvris par elles. Être Roy est avant tout un devoir et les nôtres le savaient, le Roy est le ciment de la nation, le Père d’une famille de familles, l’espérance des humbles qu’on entendait dire sous l’Ancien Régime, légitimement accablés par la charge de travail, les mauvaises récoltes et les diverses contrariétés liés à leur condition : « Ah, si le Bon Roy savait… »
Le fondateur de l’Action Française disait des démocrates :
« Les défenseurs de la démocratie, ceux qui ne manquent point tout à faire de sens et d’intelligence sont des mystiques purs : leur opinion ne se soutient que par un mélange de rêveries et d’impulsions véritablement subjectives. Ni l’histoire des hommes, ni l’étude de leur nature ne permet d’adhérer au démocratisme comme principe supérieur. »
Il étaye infailliblement sa critique :
« En démocratie, l’élu peut être vertueux, il n’est pas moins le produit et le producteur, l’effet et la cause de la ploutocratie souveraine. Elle l’a fait nommer, il la soutient donc, elle régénère son autorité en faisant renouveler son mandat et il la défend de son mieux contre la Justice et contre la Nation. Le droit héréditaire, en vertu des faiblesses inhérentes au cœur humain, peut aboutir une fois, deux fois, dix fois, à des scandales d’argents. Le droit populaire, de la propre énergie de son mouvement naturel, y abouti NECESSAIREMENT, TOUJOURS, et DE PLUS EN PLUS. »
UNE PENSEE PHILOSOPHIQUEMENT JUSTE
Au-delà de son génie politique, les mots du Martégaux sont d’une sagesse parfois Christique, voyez-plutôt :
« Une erreur et un mensonge qu’on ne prend point la peine de démasquer acquièrent peu à peu l’autorité du vrai. » / « Quand la machine politique fait pleuvoir du feu et du sang, les pauvres hommes sont dessous ! Une pensée juste peut les secourir, parfois les sauver. C’est avoir pitié d’eux que de dire la vérité. »
Ces maximes doivent être un carburant pour toute personne prétendant faire de la réinformation et lutter pour le Bien Commun. Cela demande beaucoup de patience et de pédagogie, car il faut parfois des heures, des jours, des mois pour anéantir un mensonge que l’Empire a mis quelques secondes à concevoir, et qu’il a encastré de force dans l’esprit des braves gens par ses armes diaboliques que sont la télévision, la presse, le divertissement, l’école et les réseaux sociaux.
Pour revenir à la vertu d’obéissance à la Loi de Dieu, il faut le concours d’hommes de bonnes volontés qui par charité voudront le bien de leur prochain en les enseignant avec douceur et fermeté, à l’image de Notre Seigneur.
Charles Maurras a eu cette diatribe marquante, dure à entendre, manquant certainement de tact, mais surement pas de finesse et de vérité :
« Le désordre révolutionnaire, fondé sur une philosophie individualiste, compte presque autant de complices qu’il peut y avoir en France de médiocres, d’envieux de sots et de gredins »
LE RETOUR AUX CORPORATIONS
Sa pensée est marquée par son opposition au syndicalisme par le corporatisme (aboli en 1776 par le physiocrate Turgot, définitivement supprimé en 1791 par la Loi Chapelier). Pour lui la richesse et le rang social sont tout à fait fictifs, il est donc plus pertinent de classer par profession et par objet travaillé. Le prolétariat et le capitalisme sont deux maux, leur antidote commun est d’incorporer le prolétariat à la société par l’opération des forces politiques et morales autres que le Capital : les forces du Gouvernement héréditaire, de la Corporation et de la Religion ôtent au Capital son « isme » despotique, l’empêchant de régner tout seul.
LES QUATRES ETATS CONFEDERES
Ces prérogatives, en plus d’être réalistes, ont aussi le mérite de permettre un retour à l’unité nationale et de ne pas sombrer sans cesse dans cette division qui nous affaibli, et fait de nous des proies pour les véritables ennemis de la France que sont selon-lui les « Quatre Etats Confédérés » (Juifs*, Maçons, Protestants, Métèques), et bien sûr notre éternel rival, l’Empire Anglo-Saxon jadis, l’Empire Américano-sioniste aujourd’hui, qui n’en est qu’une émanation.
*à comprendre, l’élite organisée de cette communauté. Le Lobby, et non le juif pieux et discret du quotidien, qui travaille honnêtement, va à la synagogue -ou non- et n’est pas un problème ou un danger, mais un élément que notre pays peut potentiellement intégrer et accueillir comme enfant adoptif de la France. Cela vaut également pour les métèques. Pas d’amalgame !
CONCLUSION
Je vous exhorte si cet article vous a plu ou déplu, de me le faire savoir, et surtout à approfondir par vous-même si cela a attisé votre curiosité.
Je voudrais, à l’image d’Alain Soral dont je ne partage pas toutes les vues, mais qui m’a permis personnellement de m’émanciper du « prêt à penser » obligatoire et que je remercie grandement, pousser notre jeunesse à donner de leur temps à l’étude, à la lecture et à la formation intellectuelle.
Soyons conscients qu’une opinion n’a de valeur que si elle est étayée par des faits, restons humbles car tous autant que nous sommes, nous ne savons rien. Tâchons simplement d’acquérir une cohérence et une pureté doctrinale quelque soit notre couleur politique, le débat d’idée en sortira grandit. Sans colonne vertébrale idéologique, la chair étant faible, nous risquons de succomber plus facilement aux demi-vérités qui mènent à la déchéance intellectuelle, morale et spirituelle.
Et n’oublions pas surtout en ces temps ou l’émotionnel supplante le rationnel, de suivre ce sage conseil que martèle fréquemment le sulfureux Jérôme Bourbon ;
« Il faut raison garder ! »
Louis-Antoine, servus Mariae
Bibliographie :
– Mes idées politique, Charles Maurras
– Quotidien l’Action Française, Charles Maurras
– La conjuration antichrétienne, Monseigneur Henri Delassus
– La peste et le choléra ; Marx, Hitler et leurs héritiers, François-Marie Algoud, Désiré Dutonnerre
– De la centralisation monarchique à la révolution bourgeoise, Marion Sigaut
– Histoire du Catholicisme Française, E.Delaruelle, A,Latreille, JR Palanque
– Le Livre Noir de la Révolution Française, Divers Auteurs
– Hebdomadaire Rivarol, Jérôme Bourbon
– Histoire de France, Jacques Bainville
– Histoire de la France, Jean-Christian Petitfils