Très chers lecteurs
J’ai constaté que par mon mode de vie et d’apostolat, je suis amené à répondre souvent aux mêmes questions concernant l’Humble Mission que le Seigneur m’a inspiré de mener, ainsi j’ai souhaité produire une synthèse de mes deux années de pérégrinations au service de la Très Sainte Vierge Marie et de Son Divin Fils dans les terroirs du Royaume de France, afin de laisser un écrit propice à galvaniser, inspirer et guider mes frères sur le Chemin du Salut et à leur partager ce que j’ai vécu au quotidien auprès des autochtones de nos douces Provinces.
Je sollicite d’avance votre indulgence si mes idées viennent à être confuses et peu structurées, je n’ai point eu le bénéfice, s’il en est un, de recevoir une formation universitaire convenable. Bien que converti par la Grâce de Dieu, l’anarchiste que je fus n’est pas tout à fait anéanti et enterré, ce dont vous pourrez sans doute convenir en me lisant. Pour cette raison notamment, j’ai fait le choix pour mon premier ouvrage, de le rédiger sous forme d’Abécédaire, l’exercice étant à la fois confortable et pertinent pour transmettre ce que je souhaite en celui-ci.
Ayant parcouru plus de 40 000 kilomètres à pied et à pouce et donné plus de 250 récitals aux quatre coins du Royaume, l’aventure et l’imprévu ont eu l’occasion de frapper à la porte de votre serviteur à maintes reprises. Ce que je compte narrer en ce modeste ouvrage, ce sont des capsules de vie semblant anecdotiques mais qui ne le sont guère. Car pour un Chrétien, toute expérience éphémère doit être une leçon de vie favorisant un progrès dans la Vertu, la Sagesse, l’Humilité, le discernement, la remise en question et la compréhension du prochain et des mécanismes qui ont pu le mener à telle ou telle erreur. C’est ainsi que plus aisément nous pouvons exercer la Vertu Théologale de Charité et pratiquer à bon escient la Correction Fraternelle pour inciter notre interlocuteur à une élévation morale et spirituelle. Gare aux épines de l’orgueil blessé, chaque maladresse verbale peut s’avérer fatale et rendre notre Apostolat contre-productif voir nuisible, c’est pourquoi le Saint Abandon à Dieu par Marie et et la prière perpétuelle demeurent de mise avant toute tentative d’évangélisation.
Que l’Esprit Saint Consolateur vienne habiter en mon indigne demeure, afin de me donner l’éloquence, la Sagesse, la concision et l’art de bien dire que je sais ne point avoir de moi-même.
Que la Très Sainte Vierge Marie, Sa Fidèle épouse, ma Mère et Maîtresse, Se penche sur la bassesse de Son Indigne Esclave, afin faire pousser en son cœur les racines de Ses Innombrables Vertus dont le Très-Haut l’a doté.
Que Notre Seigneur Jésus-Christ Vrai Dieu et Vrai Homme imprime en mon âme l’amour de la Croix, et qu’enfin Le Père-Tout-Puissant aie pitié de mon peu de Science et de Piété.
Que le Père Éternel daigne bénir cet écrit et faire qu’il produise une abondante moisson pour Sa plus Grande Gloire. Qu’Il le brûle et le fasse sombrer dans l’oubli si celui-ci se trouve être nuisible à l’expansion de Son Règne. Ainsi soit-il !
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APOSTOLAT
« L’apostolat est l’activité qu’exercent les chrétiens à la suite de Jésus-Christ, Envoyé du Père – en vertu de la mission donnée par lui à Son Église – en mettant en œuvre les grâces qu’Il leur communique dans les domaines et pour les fins pour lesquels Il est venu Lui-même sur terre. »
Voici mes biens chers lecteurs, en quoi consiste la spécificité de la forme d’apostolat que Dieu m’a inspiré, et comment je le mène au quotidien.
J’ai choisi de mener l’intégralité de mes tournées de cette manière, prenant le chemin pour ma destination, et ma destination pour mon chemin. Me postant sur la route le pouce tendu et priant mon Rosaire, attendant que le Bon Dieu m’envoie une âme pour me faire parcourir quelques lieues supplémentaires, je tente par cette démarche de piéger amoureusement la personne qui s’arrêtera.
En effet, le bon bougre prenant un homme mendiant un trajet aussi court soit-il, produit un acte de Charité Naturelle, et par cela, se rend propice à glaner des Mérites et des Grâces que lui octroiera le Bon Dieu. Quand bien même n’aurais-je point le temps de lui faire connaître par le discours Notre Seigneur et Sa Très Sainte Mère durant le temps que nous partageons, le simple fait qu’il se soit arrêté pour aider un Indigne Missionnaire, et que ce dernier prie pour lui durant le temps le séparant du Bon Samaritain suivant, rend possible une conversion si celui-ci est dans l’errance, ou un progrès spirituel si il se trouve déjà en état de Grâce.
Car de façon infaillible, nous enseigne Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, il obtiendra une grâce actuelle, puisque c’est à la Très Sainte Vierge Marie que je la Demande et Dieu ne Lui refuse rien. Il ne dépendra qu’à l’homme en question d’y consentir ou non, mais la graine étant plantée : mon modeste travail auprès de lui est accompli. Dans la grande Sagesse de Dieu, je ne saurais jamais si la conversion a eu lieu, et ainsi je ne pourrai m’enorgueillir ou prétendre y être pour quelque chose.
C’est dans l’écoute et dans la suggestion qu’un apostolat efficace se produit, je ne m’y attèle pas à la manière d’un témoin de Jéhovah, ces pauvres hommes perdus dont le Zèle m’inspire tout de même un profond respect. Je me refuse à déblatérer le même discours à chaque âme que le Seigneur met sur mon chemin, n’étant point un marchand de tapis. Car chacunes d’entre elles sont en effet singulières, et aussi profondément ancrées dans l’erreur et le péché qu’elles puissent être, Dieu ne Se lasse point de les attendre, et je n’ai pas à émettre un quelconque jugement de valeur sur celles-ci, je ne sais si elles ont le privilège de bénéficier d’autant de Grâces que j’en ai moi-même reçu.
Ma Première Dame toujours dans la main droite, mon Crucifix autour du cou, accompagné de ma médaille de Notre Dame du Puy et de la Médaille Miraculeuse, sans même que j’ai à aborder un quelconque sujet lié à notre Sainte Religion, les questions viennent naturellement, et un homme étant ce qu’il est par les suites du Péché Originel (Orgueilleux), il demeure toujours plus propice à se laisser enseigner lorsque c’est lui-même qui soumet un questionnement que lorsqu’on le lui impose. C’est pourquoi j’eus la bénédiction à de nombreuses reprises de subir des interrogatoires de parfois plusieurs heures, par des âmes qui cherchent, et se faisant, j’ai pu partager le trésor que Dieu m’a donné par Sa Sainte Grâce, l’Oraison et l’étude. La seule différence entre les Braves Gens que j’ai eu l’honneur de connaître qui se sont effectivement convertis, et ceux qui n’ont visiblement pas avancé d’un Iota par notre rencontre, ne réside point en la qualité de mon discours, de mon argumentation, de mon inspiration, mais bien dans leur propre cœur. Certains cherchent la Vérité et sont prêts à l’entendre si Celle-ci frappe à leur porte par l’Indigne Instrument que je suis, d’autres croupissent dans leurs certitudes et choisissent le Mensonge Confortable auquel le Monde les a habitué, pour un temps seulement je l’espère. Pour ma part, je remercie le Très-Haut pour la générosité de ces bons bougres et pour avoir par eux, appris sur moi même et sur les nombreux sujets où ils en savaient davantage que votre serviteur.
Mon autre forme d’apostolat privilégiée est bien entendu celui que je dispense par les modestes talents de Chansonnier que Dieu m’a donné. Lorsque j’apparais quotidiennement sur un marché, j’installe mon pieux décor sur lequel trônent deux icônes du Sacré-Cœur et du Cœur Immaculé, me disant que quand bien même mes odes ne toucheraient point au cœur les auditeurs, ils auront toujours l’occasion par ma présence, de croiser le regard de la Très Sainte Vierge Marie et de Notre Seigneur Jésus-Christ qui m’accompagnent.
J’utilise quotidiennement mon cheval de Troie dans le cœur des Français ; j’ai nommé Monsieur Georges Brassens. En début de récital, j’entonne certains de ses odes (minutieusement sélectionnés pour ne point chanter de paroles immorales), afin d’attirer l’attention des passants. C’est une amorce qui a fait ses preuves et permet de faire qu’un plus grand nombre de villageois se rapprochent et trouvent votre serviteur sympathique. Cela étant fait, je poursuis avec mes odes à la gloire de Dieu, de Notre Dame, de la France et du Roy, et il faut admettre que cela suscite fréquemment une soudaine hostilité, du mépris où des regards circonspects. Pour autant, ouvrir le bal par les vers inspirés du Grand Georges fait l’unanimité chez les Français, atténue leur méfiance et leur défiance, et me les met ainsi dans la popoche dans un premier temps.
La Joie d’avoir la Très Sainte Vierge Marie toujours en mon Âme, en mon Esprit et en mon Cœur, se reflète sur mon visage, mon sourire, mon enthousiasme, et ce-faisant, j’ai parfois l’impression d’être une sorte d’aimant. Car de si nombreuses âmes pourtant loin de la Sainte Religion que nous pratiquons, que nous vivons, que nous défendons et que nous prêchons, s’entichent de ma pauvre personne et entrent en confidence et en amitié avec moi à l’issue du récital, et ainsi je peux leur témoigner, à la suite de l’Auguste Mère de Dieu, que « Le Seigneur a fait en moi de grandes choses ».
Quelque soit la forme d’apostolat que je pratique, je tâche de rester à ma place. Je ne suis qu’une brebis de l’Église enseignée et non un Docteur de l’Église enseignante. Mon but demeure toujours de déclencher une étincelle en leur cœur qui les mènera tôt ou tard à se remettre avec confiance entre les mains d’un Abbé, qui mieux que moi saura prendre soin de leur âme et leur dispenser les Sacrements ; nourriture indispensable pour mener l’Homme à sa fin ; la Vie Éternelle.
Louis-Antoine de Partout
Servus Mariae