L’état de grâce et sa conservation

Chers soldats du Christ, ce Carême est l’occasion pour tous de se rappeler que ce sont nos péchés qui ont transpercé l’âme de la mère des douleurs, la bienheureuse Vierge Marie, en attachant à la croix son Divin Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Si vous ignoriez ou doutiez de cette vraie doctrine de l’Eglise sur le péché, nous allons ensemble l’étudier afin de trouver des moyens concrets pour ne plus blesser leurs doux cœurs Sacré et Immaculé.


« L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. » (Ezéchiel 18:20)

Ce qui maintient l’âme en état de vie c’est Dieu, son Créateur et sa Fin, car c’est Lui qui donne la vie éternelle à l’âme une fois lavée dans le sang du Sauveur le jour du baptême, puis Il y fait sa demeure. Or en succombant à la tentation, par le péché, nous ouvrons la porte au démon et nous ne laissons donc pas d’autre choix à la Très Sainte Trinité que de se retirer de notre âme. C’est cette perte de la présence de Dieu en nous, la perte de l’état de grâce, qui met notre âme en danger. 

Le péché mortel [1] détruit la charité dans le cœur de l’homme par une infraction grave à la loi de Dieu ; il détourne l’homme de Dieu, qui est sa fin ultime et sa béatitude en Lui préférant un bien inférieur. Le péché véniel laisse subsister la charité, même s’il l’offense et la blesse.” Catéchisme de l’église catholique

“Le péché véniel a pour effet d’affaiblir dans l’âme les lumières de l’esprit et la ferveur de la volonté ; il la prive de grâces et d’un degré de gloire au ciel ; il engendre une inclination au péché, porte ouverte au péché mortel comme la maladie à la mort”.  (méditations de retraite ignatienne tirées des Pères Roothaan S.J. et Gosselin S.J.)

Ce dernier peut être remis par les sacramentaux (en récitant l’oraison dominicale [2], se frappant la poitrine [3], par une bénédiction épiscopale ou aspersion d’eau bénite, par l’indulgence donnée par le prêtre durant la messe Indulgentiam [4]).

Le sort de l’âme qui a commis un ou plusieurs péchés mortels, si elle ne s’est pas réconciliée avec son juste Juge par le biais du sacrement de pénitence [5], est la privation définitive de Dieu (peine du dam) : au moment du jugement particulier, se voyant telle qu’Il la voit, elle se jette d’elle-même en enfer ne pouvant supporter Sa présence.

“Lorsque la volonté se porte à une chose de soi contraire à la charité par laquelle on est ordonné à la fin ultime, le péché par son objet même a de quoi être mortel… qu’il soit contre l’amour de Dieu, comme le blasphème, le parjure, etc. ou contre l’amour du prochain, comme l’homicide, l’adultère, etc… En revanche, lorsque la volonté du pécheur se porte quelquefois à une chose qui contient en soi un désordre mais n’est cependant pas contraire à l’amour de Dieu et du prochain, tel que parole oiseuse, rire superflu, etc., de tels péchés sont véniels .” (St Thomas d’Aquin, Somme théologique 1-2, 88, 2)

Je vous encourage donc, comme vous le feriez s’il s’agissait d’un péril corporel, de réagir avec les antidotes à notre disposition à la suite d’une chute : un acte de charité ou de contrition, un signe de croix avec de l’eau bénite (il est bien utile d’en disposer chez soi!), un effort de pénitence (jeûne, privation alimentaire, de confort ou de divertissement, efforts physiques, par un service ou une aumône) ce qui excitera votre contrition intérieure par des actions extérieures. Si vous aviez eu le malheur de tomber dans le péché mortel, je ne peux que vous enjoindre à recourir au sacrement de pénitence au plus vite :

« qui a pour effet de nous rendre la grâce sanctifiante, c’est-à-dire la vie surnaturelle perdue après le baptême par ce péché. Ce sacrement nous donne également la grâce sacramentelle qui consiste dans le droit d’obtenir les grâces actuelles nécessaires pour lutter victorieusement contre les tentations et éviter les rechutes ». Catéchisme de l’église catholique

La sainte Eglise, dans ses commandements, nous ordonne à y recourir au moins une fois l’an, traditionnellement autour de la Semaine Sainte afin de bien s’y préparer, et à recevoir la Sainte Eucharistie sacramentellement entre le dimanche de la Passion (une semaine avant les Rameaux) jusqu’au dimanche du Bon Pasteur au plus tard (deux semaines après Pâques).

Il me semble nécessaire de rappeler que, comme l’indique le Catéchisme,

« celui qui veut recevoir le Christ dans la Communion eucharistique doit se trouver en état de grâce. Si quelqu’un a conscience [6] d’avoir péché mortellement, il ne doit pas accéder à l’Eucharistie sans avoir reçu préalablement l’absolution dans le sacrement de Pénitence. » Catéchisme de l’église catholique

Toute réception d’un sacrement doit, pour ne pas être imputé au fidèle comme une faute, passer au préalable par le recours à la confession en vue du recouvrement de l’état de grâce.

Mais comment savoir si nous sommes en état de grâce ? Que notre réponse à cette question, qui fut posée à Ste Jeanne d’Arc lors de son procès, soit la sienne “ Si j’y suis, que Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, que Dieu m’y mette.” Je laisse St Augustin nous éclairer sur l’attitude à avoir face au péché véniel : 

« L’homme ne peut, tant qu’il est dans la chair, éviter tout péché, du moins les péchés légers. Mais ces péchés que nous disons légers, ne les tiens pas pour anodins : si tu les tiens pour anodins quand tu les pèses, tremble quand tu les comptes. Nombre d’objets légers font une grande masse ; nombre de gouttes emplissent un fleuve ; nombre de grains font un monceau. Quelle est alors notre espérance ? Avant tout, la confession… » (St Augustin, ep. Jo. 1, 6).

“Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. » (Jean 15, 10)

Dieu a voulu notre existence de toute éternité, Il nous a fait pour le bonheur éternel ; il nous faudra ainsi rentrer dans Sa volonté en vue de l’obtenir. L’amour du Créateur de toute chose n’empêche en rien Sa justice ; le péché salit notre âme car il est une infidélité, une trahison et un manquement à nos devoirs envers Lui. En Lui préférant une créature (chose ou personne), ne répondant pas à Son amour, on ne L’aime pas comme il mériterait d’être aimé. C’est un choix de chaque seconde ; c’est nous qui choisissons de gagner ou de perdre ce salut pour l’éternité. Néanmoins, celui qui perd une bataille n’a pas perdu la guerre : prions dans les tentations et, nous appuyant avec humilité et confiance sur Dieu, demandons Lui de répondre à Sa grâce, sans quoi nous ne pourrons obtenir la victoire face au péché.

[1] Pour qu’un péché soit mortel trois conditions sont ensemble requises : « Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré  » La matière grave est précisée par les Dix commandements selon la réponse de Jésus au jeune homme riche :  » Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère  » (Mc 10, 18). La gravité des péchés est plus ou moins grande : un meurtre est plus grave qu’un vol. La qualité des personnes lésées entre aussi en ligne de compte : la violence exercée contre les parents est de soi plus grave qu’envers un étranger.

[2] le Pater Noster (Notre Père

[3] comme lors du Confiteor (Je confesse à Dieu) ou à la messe le Domine non sum dignus (Seigneur je ne suis pas digne de Vous recevoir…) 

[4] “Que le Dieu tout-puissant et miséricordieux nous accorde le pardon, l’absolution et la rémission de nos péchés.” : C’est l’une des 2 prières prononcées par le prêtre suite au Confiteor, suivant le Misereátur (Que le Dieu tout-puissant vous fasse miséricorde, qu’il vous pardonne vos péchés et vous conduise à la vie éternelle.), qui a étonnement disparu lors de la réforme de la messe en 1969 suite au Concile Vatican II et subsiste uniquement dans la messe tridentine.

[5] le sacrement de pénitence remet les péchés par l’entremise du prêtre (Jean 20,23), désormais nommé Sacrement de Réconciliation par le Concile Vatican II, la pénitence autrefois obligatoire à son issue est désormais optionnelle

[6] Ce n’est pas parce qu’on n’a pas conscience d’avoir commis un (ou plusieurs) péchés mortels qu’on n’en a pas commis! Chacun a le devoir d’éclairer sa conscience en lisant le Catéchisme, et en cas de doute en questionnant un prêtre.


Chers compagnons de route sur la voie du Salut, ne perdons pas espoir car « le Bon Dieu aura plus tôt pardonné à un pécheur repentant qu’une mère n’aura retiré son enfant du feu » (St Jean-Marie Vianney), Sa miséricorde étant infinie. St Pierre nous a informé du devoir de rendre compte de l’espérance qui est en nous, la religion n’étant pas ce boulet au pied du condamné mais nous rendant heureux par la promesse de la Rédemption, qui nous libère de l’esclavage du péché. Réjouissons-nous car nous savons que l’Enfer recule sur la Terre face à la multiplication des justes, ceux qui agissent selon la volonté du Créateur, et à celle des saints, et nous sommes tous appelés à la sainteté.

Via ad Salutem, ad Majorem Dei Gloriam

Publié par ViaAdSalutem

Auteur catholique, d'articles sur la sanctification et le progrès spirituel ad Majorem Dei gloriam

3 commentaires sur «  L’état de grâce et sa conservation »

  1. Les rires superflus sont des péchés véniels ? Pourquoi ?
    A partir de quand un rire est-il superflu ?
    Je suis inquiet, car je ris beaucoup : un rien m’amuse. Alors, je suis dans le péché ?

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    1. Bonsoir,
      Vous m’avez l’air d’être un peu scrupuleux, je ne voudrais pas que ces articles de progrès spirituel donnent du grain à moudre à votre scrupule,
      à mon humble avis ce qu’entend Saint Thomas entend par « rire superflu » c’est quand en riant, on approuve un mauvais propos qu’on devrait plutôt réprouver par un silence ou une réprimande charitable, ou encore lorsqu’on est dans la démesure, ou qu’on rit de choses sacrés.
      Donc ne confondez-pas, il est bon d’être jovial et rire n’est pas forcément un péché bien entendu.

      Servus Mariae

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      1. Louis-Antoine,
        Je viens de lire votre réponse. Merci.
        Non, je ne suis pas trop dans le scrupule spontanément. Mais parfois, à la suite d’une lecture pieuse, il me vient des doutes sur l’état de mon âme !
        Les mauvais propos ne me font pas rire du tout, donc aucun risque de ce côté.
        C’est la notion de rire « superflu » qui m’a mis dans le trouble, pas le fait de rire en soi !
        En union de prière.

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