Chers soldats du Christ, nous nous réjouissons avec le Ressuscité durant ce temps pascal, où il nous est demandé d’être dans l’allégresse. Pour parvenir nous aussi, avec sa sainte Mère la Vierge Marie, aux joies de la vie éternelle, il nous incombe de persévérer dans nos bonnes résolutions. À l’aide de l’acte de contrition, nous allons étudier 3 moyens naturels pour continuer le combat spirituel, à savoir : le ferme propos de ne plus offenser Dieu par la vigilance, la fuite des occasions de péchés et la mortification comme pénitence. Ces conseils, qui ne seront sûrement qu’un sain rappel pour les pratiquants de longue date, doivent être proposés aux nouveaux venus et aux enfants prodigues qui (re)trouvent tout juste la Sainte Eglise.
« Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence. »
Acte de contrition
Le ferme propos de ne plus offenser Dieu
“Le sacrifice que Dieu désire est un esprit brisé de douleur ; vous ne dédaignerez pas, ô Dieu, un cœur contrit et humilié.”
Le ferme propos de ne plus offenser Dieu, que nous formons à l’issue du sacrement de pénitence, doit correspondre à des résolutions concrètes de notre part : sans lesquelles il ne peut y avoir de preuve de sincère repentir. Une confession menée avec une réelle contrition de nos péchés, conjuguée à un désir de ne plus retomber dans nos fautes passées s’apparenterait à une promesse d’ivrogne dans la mesure où elle n’aboutirait pas à une résolution concrète.
Ainsi, il est bon, à mesure que nous passons en revue nos diverses fautes, non seulement de nous en repentir mais également de prendre nos dispositions pour remédier à ce qui semble être le plus gros obstacle à notre sanctification. Il est bon de repérer les domaines dans lesquels nous chutons plus facilement, et si nous avions quelques difficultés à les identifier, et ce malgré les conseils du confesseur, n’hésitons pas à solliciter notre directeur spirituel. Il nous sera d’une grande aide pour mesurer ce qui nuit à notre progression, ou pour affiner les résolutions que nous auront prises.
Je vais énumérer quelques cas de figure pour étayer mon propos, en me basant sur les péchés capitaux et les fruits des mystères du Rosaire. L’antidote précieux à l’orgueilleux sera l’amour des humiliations (3e mystère douloureux : le Couronnement d’épines) car comme disait Ste Bernadette de Lourdes : “ Il faut beaucoup d’humiliations pour un peu d’humilité » ; il pourra donc imiter l’exemple du Christ se taisant lorsqu’il est accusé et condamné à tort, moqué, insulté et outragé. L’avare, quand à lui, s’appliquera à l’amour des pauvres et de la pauvreté (3e mystère joyeux : la Nativité) et s’y appliquera en faisant quotidiennement l’aumône aux mendiants qu’il croisera ou mensuellement à une œuvre de bienfaisance (ex : Conférence Saint Vincent de Paul), ou à défaut en se privant d’achats de confort hebdomadairement. L’envieux quand à lui pratiquera le détachement des créatures (fruit du même mystère) en se dépouillant de son superflu matériel au profit des moins fortunés ou en offrant ses services gracieusement aux plus nécessiteux. Celui qui tombe régulièrement dans la gourmandise, l’ivresse ou la luxure mortifiera ses sens (2e mystère douloureux : la Flagellation) par les moyens évoqués dans la 3e partie ci-dessous ; le colérique s’efforcera de pratiquer la charité fraternelle (2e mystère joyeux : la Visitation) en priant pour ceux contre lesquels il tient rancune et même en s’efforçant à leur rendre service.
C’est en faisant ainsi preuve de vigilance quand à ce qui nous fait tomber au quotidien et en pratiquant les vertus contraire, que nous saurons nous sanctifier, tout en omettant pas de reconnaître nos faiblesses.
La fuite des occasions de péchés
«Si donc ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi: car mieux vaut pour toi qu’un seul de tes membres périsse, que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne… » (Matthieu 5:29)
Ne soyons pas présomptueux, car comme nous a avertis Notre Seigneur, “Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible” (Matthieu 26:41). Résolus à rester vigilants et à pratiquer la vertu, fuyons les occasions de péchés pour ne pas amoindrir l’efficacité de nos efforts ; cela relève en effet de la prudence chrétienne, comme le rappelle l’apôtre : « Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rode autour de vous, cherchant qui dévorer.“ (1 Pierre 5:8).
“Un habillement indécent crée du scandale, c’est-à-dire l’occasion de péché, du grec “skandalon” qui signifie l’obstacle qui fait trébucher. L’évangile selon St Matthieu l’emploie comme cela : une occasion de chute pour soi-même ou pour les autres, fournie par le mauvais exemple : “Malheur à celui par qui le scandale arrive. (Luc 1:17)” Le catéchisme nous dit que le scandale est « l’attitude ou le comportement qui pousse les autres à commettre le péché. Celui qui s’en rend coupable, devient tentateur de son prochain et porte atteinte à la vertu et la rectitude. De plus, celui qui donne l’occasion de péché par son comportement, même s’il est sans mauvaise intention, se tâche du même péché.” [1]
[1] Le Padre Pio et la mode des jupes courtes
« Celui qui aime le danger y trouvera sa perte. »(Livre de Sirac 3:24)
Il faut ici distinguer les occasions prochaines de péché (qui comportent un risque élevé pour nous d’y tomber) que nous devons fuir, de celles lointaines (qui comportent un faible risque) qu’il n’y a pas d’obligation stricte à fuir, et celles nécessaires ou non. Distinguons bien deux types d’occasions prochaines de péché, à savoir celles nécessaires ou non nécessaires. Celui, fragilisé par l’impureté, qui est exposé au quotidien à des tenues indécentes dans la rue ou à des publicités impudiques sur son trajet pour se rendre à son emploi : il n’est évidemment pas tenu de fuir car il s’agit d’une occasion nécessaire, et celui qui s’expose à des images ou des vidéos impures quotidiennement par usage démesuré des écrans : il est dans l’obligation de fuir ces occasions non nécessaires. La sincérité du ferme propos lors de la confession sera déterminée par le réel effort accompli ou non fait par le pénitent de se débarrasser des occasions non nécessaires, prochaines ou lointaines de péché. [2] Pour ceux qui se trouveraient dans le deuxième cas de figure, il serait plus sain d’utiliser un téléphone dépourvu de connexion internet et de limiter son usage de l’ordinateur au strict minimum nécessaire (formalités administratives, consultations des courriels), et bien évidemment de ne pas disposer de ce matériel dans votre chambre à coucher.
Citons d’autres exemples concrets : les concubins et les fiancés qui cohabitent ou passent régulièrement des séjours seuls s’exposant ainsi l’un l’autre à l’impureté, les personnes mondaines qui s’exposent à la frivolité et au développement d’attaches déréglées aux convoitises terrestres, ou les parents ne réagissant pas devant les fréquentations ou les revues dangereuses de leurs enfants : il est plus que vital pour nos âmes de penser au jugement particulier par lequel nous devrons tous passer, et où nous récolteront les fruits bons ou mauvais de ce que nous auront semé sur cette terre d’exil.
[2] Cours de catéchisme pour adulte de l’abbé Frament – Saint Nicolas du Chardonnet
La mortification
« Si vous ne faites pas Pénitence, vous périrez tous » (Luc, 13, 3)
S’il y a bien deux choses contraires à l’esprit du monde, qui aspire à faire son paradis sur Terre par la recherche des biens terrestres et du confort, c’est bien l’acceptation de la souffrance et la patience dans les épreuves (fruit du 4e mystère douloureux : le Portement de la Croix). Vécue par les païens comme une injustice imposée par un Dieu auquel il veut bien accorder l’existence lorsqu’il s’agit de lui incomber la responsabilité de notre malheur, dont il se considère victime car innocent de tout tort et de toute offense et avec qui il ne converse que pour l’interroger avec rancune et reproche sur la légitimité du fléau qui l’accable ; elle est salutaire pour le chrétien. Une fois qu’il a accepté et compris le sens véritable de la souffrance, il prendra sa croix et l’embrassera avec courage faute de pouvoir, comme Simon de Cyrène, participer au portement de celle de son Divin Rédempteur. Participant ainsi à la Passion du Sauveur, il sait qu’il doit imiter Sa noble attitude face aux tourments d’un innocent condamné aux plus atroces souffrances, en reconnaissant notamment que lui est bien coupable de ses fautes et que c’est elles qui retombèrent sur Notre-Seigneur Jésus-Christ. Se mortifier, c’est sacrifier pour l’amour de Dieu, ce qui plaît et accepter ce qui déplaît au sens ou à l’amour-propre. [1]
“En toutes choses, nous souffrons la tribulation. Nous portons toujours et partout dans notre corps la mort de Jésus afin que la vie de Jésus soit manifestée aussi dans notre corps. (2 Cor 4,10)
“La mortification chrétienne a pour but de neutraliser les influences malignes que le péché originel exerce encore dans nos âmes, même après que le baptême les ait régénérées. Le concile de Trente reconnaît que la concupiscence, c’est-à-dire la triple convoitise de la chair, des yeux et de l’orgueil, se fait sentir en nous, même après celui-ci, afin de nous exciter aux glorieuses luttes de la vie chrétienne. C’est cette triple convoitise que l’Ecriture appelle tantôt le vieil homme, opposé à l’homme nouveau qui est Jésus vivant en nous et nous-même vivant en Jésus, tantôt la chair ou la nature déchue opposée à l’esprit ou à la nature régénérée par la grâce surnaturelle.[2]”
En mortifiant tour à tour ses sens, son imagination et ses passions ; son esprit et sa volonté ; et en la pratiquant dans ses actions extérieures et dans ses rapports avec le prochain, le chrétien s’arme de bonnes habitudes et tend à faciliter la pratique de la vertu. Il s’agit simplement de “savoir refuser à la nature ce qu’elle vous demande sans besoin”, et vos progrès dans la vertu seront proportionnés à la violence que vous saurez vous faire. Il est évident qu’à force de s’appliquer de la sorte, il pourra combattre avec plus de vigueur ses imperfections, ses défauts et se sanctifier sans même mesurer l’impact et l’efficacité de ce saint exercice quotidien.
“Il faut mourir, disait le saint évêque de Genève, il faut mourir afin que Dieu vive en nous : car il est impossible d’arriver à l’union de l’âme avec Dieu par une autre voie que par la mortification. Ces paroles “il faut mourir” sont dures, mais elles seront suivies d’une grande douceur, parce qu’on ne meurt à soi-même qu’afin d’être uni à Dieu par cette mort.”
Voici quelques suggestions, que vous pourrez retrouver dans ce formidable petit livret [2] quand à la manière de procéder :
« _Supportez indifféremment la chaleur de l’été, le froid de l’hiver sans vous en plaindre ; passez-vous d’aller vous chauffer (à moins que cela ne vous soit nécessaire pour vous épargner une indisposition).
_Manger ce que l’on vous sert » selon le conseil de Notre Seigneur, mangez ce qui est bon sans se complaire ce qui est mauvais sans en témoigner de l’aversion et savoir se montrer aussi indifférent en l’un qu’en l’autre, voilà, dit saint François de Sales la vraie mortification.
_Mortifiez votre imagination lorsqu’elle vous séduit par l’appât d’un poste brillant, lorsqu’elle vous attriste par la perspective d’un avenir sombre, lorsqu’elle vous irrite par le souvenir d’un mot ou d’un acte qui vous ont offensé.
_Occupez-vous uniquement de l’action présente sans vous reporter à ce qui a précédé ni devancer par la pensée ce qui va suivre, dites-vous avec Saint-François : « Pendant que je fais cela je ne suis pas obligé de faire autre chose »
_Aimez à faire l’éloge de vos frères surtout de ceux sur lequel votre envie se porte plus naturellement. S’il vous en coûte de rendre un petit service, offrez-vous à le rendre : double mérite
_Ayez en horreur de vous poser en face de vous-même et des autres comme une victime, loin de vous exagérer vos fardeaux efforcez-vous de les trouver léger
_Aimez-mieux écouter les autres que de parler vous-même, n’interrompez jamais celui qui parle. Evitez les « trop », les « extrêmement », les « horriblement » : pas d’exagération
_Recevez docilement, supportez humblement, patiemment la mortification pénible qu’on nomme la maladie. »
[1] Catéchisme de Saint Pie X
[2] Mortification chrétienne, Cardinal Désiré Mercier, Editions du Sel
Chers compagnons de route sur la voie du Salut, que la résurrection de Notre-Seigneur Jésus nous rende fertiles à la grâce, afin que, « comme dans la bonne terre, nous soyons de ceux qui écoutent la parole, la conservent dans un cœur bon et excellent, et que nous portions du fruit par la patience. » (Luc 8:15)
Via ad Salutem, ad Majorem Dei Gloriam
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