Chers soldats du Christ,
Une nouvelle année liturgique débute, et avec elle l’attente du Sauveur. Comme l’indique le violet, couleur liturgique de cette période, c’est bien une première retraite de pénitence que nous prêche la Sainte Eglise. Suivons l’appel de Saint Jean-Baptiste, le précurseur, qui nous exhorte : « Convertissez–vous car le royaume des Cieux est tout proche, préparez le chemin du Seigneur » .
Contrition & Pénitence
Ce sont deux attitudes qui doivent être nôtres durant l’Avent : la première est « un repentir, une douleur vive et sincère d’avoir offensé Dieu » et la deuxième joint à ce regret « la volonté de ne plus recommencer, l’intention de réparer ses fautes. »
Comment les ancrer dans nos foyers ? C’est bien simple ; il était une période pas si lointaine où les enfants avaient coutume d’ajouter un brin de paille chaque soir dans la crèche, s’ils avaient bien pensé à offrir leur sacrifice quotidien. Des efforts réitérés, renouvelés chaque jour précédent ici le réconfort. Désormais, ce sont des gourmandises, des cadeaux qui remplissent les calendriers de l’Avent (version enfants ou adultes) qui gâtent les enfants quotidiennement sans qu’ils aient nécessairement besoin de fournir le moindre effort, hâtant ainsi les réjouissances festives et défaillant à leur enseigner le sens du mérite. On pense récompenser quand en réalité on ne leur apprends plus la patience, et on ne cultive plus la vertu d’espérance qui ne fait que croître avec l’attente.
Les adultes aussi doivent faire leur effort quotidien, il s’agit de bien y réfléchir et de ne pas se disperser quant aux domaines et aux résolutions. Nous entamons l’année liturgique, offrons au Sauveur un beau renoncement sur un sujet qui nous coûte un minimum, par exemple : être aimable, ne pas se plaindre, ne pas répondre lorsque notre amour propre est froissé, obéir avec enthousiasme à ses supérieurs (parents, époux ou patron), faire l’effort de ne plus revenir sur un différent, rendre un service à la maison. (Vous en trouverez d’autres à la fin de cet article.) Nul besoin de s’éparpiller, un seul sacrifice bien offert vaut mieux que plusieurs sacrifices qui ne dureront pas. Qu’est ce que ces quelques semaines face à 4 milles ans de sacrifices cumulés par les justes de l’Ancien Testament ? Et quel meilleur moyen pour acquérir l’habitude de la vertu en conservant cet effort au delà même de l’Avent?
Voici des suggestions d’ajouts à votre vie spirituelle pour bien débuter cette nouvelle année liturgique : se lever plus tôt pour faire ¼h d’oraison, faire une lecture spirituelle pendant sa pause déjeuner ou dans son transport en commun, écouter des recollections de l’Avent ou des homélies pendant ses trajets en voiture, instaurer ou restaurer la prière du chapelet en famille (quelques dizaines au moins) et la prière du soir en famille, lire l’évangile du dimanche la veille, assister aux vêpres pour sanctifier les dimanches de l’Avent, acquérir des livres de méditations quotidiennes selon le temps liturgique ou en fonction des saints du jour.
L’esprit de pauvreté & le détachement des créatures
Fruits du 3e mystère joyeux du Rosaire, nous les demandons conjointement à notre contemplation méditative de la Nativité. « La véritable pauvreté est celle du cœur, c’est une pauvreté intérieure et non pas ostentatoire qui voudrait se montrer extérieurement pour s’enorgueillir. Elle est une indifférence aux biens de ce monde pour ne tourner son regard que vers Dieu. » (abbé M. Raffray). Le détachement des créatures, quant à lui, est « un détachement absolu par rapport à tout ce qui existe dans le créé matériel ou immatériel”. Ce sont de nobles idéaux vers lesquels le chrétien doit tendre. Comment les acquérir ? Il nous faut fuir l’esprit du monde, nous retirer et nous recueillir.
Ce sont particulièrement les attaches aux richesses et aux biens du corps (santé, repos, satisfactions, confort) qui se retrouvent dans l’esprit mondain. Banquet gourmand avec plusieurs services, esprit d’avidité, cadeaux nombreux : l’opulence et l’intempérance traduites dans les assiettes et les présents feront presque oublier que la naissance du Sauveur de l’humanité s’opéra dans une pauvre étable, entre un bœuf et un âne, sans chauffage ni le moindre confort, et que Celui-ci fut déposé dans une mangeoire qui fera office de berceau, emmitouflé dans de la paille. Ces réveillons aux mets enchaînés inlassablement, partagés également par des chrétiens, nous font oublier le jeûne demandé par la Sainte Église pour la Vigile de Noël (Pie XII, décret 1949), et que l’on ne devrait festoyer qu’après la naissance de l’Enfant-Jésus, soit à l’issue de la traditionnelle messe de minuit. Avancer la célébration et les dégustations après une messe dite à 19 ou 20h semble être encore un ajustement pour toujours plus de commodités, comme s’il était devenu trop exigeant de veiller, jeûner et prier pendant une soirée pour pousser à son apogée notre espérance du Sauveur.
Voilà comment la profanation commerciale de Noël a fini par se substituer à la préparation qui doit avoir lieu durant cette période et qui est spirituelle. Les préparatifs de cette journée festive, étalés bien souvent durant tout l’Avent, empêchent le recueillement et voit les fidèles trop occupés pour passer à l’étape nécessaire de la confession préparatoire pour pouvoir recevoir l’Enfant-Jésus dans un cœur le moins souillé possible. Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune (Luc 2,7), y en aura-t-il d’avantage dans nos salons, dans nos foyers ?
Mettons bien à profit ce temps de l’Avent pour faire croitre notre confiance en Dieu et notre espérance, car il ne s’agit pas uniquement de célébrer le premier avènement du Messie il y a 2000 ans, mais également de bien disposer nos âmes à l’accueillir en ce jour de Noël pour un second avènement qui augmentera la grâce sanctifiante en nous, condition nécessaire pour pouvoir bénéficier de la joie des élus lors du dernier avènement du Rédempteur qui aura lieu dans la gloire. Demandons cette grâce à la Très Sainte Vierge Marie dont nous célébrions hier l’Immaculée conception, première créature à l’avoir accueilli par son Incarnation, devenant ainsi un tabernacle vivant le jour de l’Annonciation, Lui qui nous a permis de mériter le Ciel.
Via ad Salutem, ad Majorem Dei Gloriam