Tel mon célèbre confrère de quarante ans mon aîné ; Monsieur Christian Combaz, j’ai depuis fort longtemps désiré donner une tribune par ma lyrique médiation, aux humbles autochtones peuplant nos chers Provinces.
À la différence de ce dernier, contant par en ses chroniques de Campagnol, les conversations des villageois de son Languedoc, je donnerai la parole à des bougres des quatre coins du Royaume. C’est un hommage à ces âmes qui croisèrent mon chemin lors de mes dix-huit mois de Mission à pouce et à pied, au cœur de nos douces contrées, loin des tumultes de nos villes occupées.
Au détour d’un trajet en auto, dans l’intimité même de leur foyer où sur la place du marché, j’eus maintes occasions de me réjouir, du privilège que Dieu m’octroyait d’être le confident passager de la populace qui m’accueillait.
En de nombreuses bourgades, le chacun-pour-soi n’est point une règle établie, Dieu merci, car elle l’est davantage dans mon propre pays.
Peut-être était-ce le fruit de ma vie de nomade, d’une allure chapeauté et chaloupé intriguant si souvent les villageois bouche-bées ? Qu’un corps étranger puisse apparaître ainsi, de manière si soudaine et sereine, portant en main l’effigie de sa Souveraine, laissait pantois les uns et de marbre les autres.
Il est vrai je l’admets, qu’en ma vie sédentaire désormais, ces instants appréciés se sont raréfiés. Je saisis l’occasion d’un salutaire ennui, m’accablant à l’instant où va tomber la nuit, pour me remémorer et me revigorer par la tendre pensée des aventures passées, auprès de si aimables et modestes Français.
Il y eût des veufs et des veuves, et tant de pauvres âmes, délaissés par les leurs. Ceux dont la Famille volât aux éclats, malgré de vaines promesses, des amours qui déchoient.
Des victimes silencieuses de la crise sociale, des vies laborieuses menés tant bien que mal, des vainqueurs en vertu de leur résilience, embrassant chaque jour de nouvelles souffrances, ces braves et ces forts qui ensemble s’efforcent de faire naître l’aurore de notre douce France.
Sans Dieu et sans eux, l’écrivain n’accoucherait que d’écrits vains.
Sans ma Tendre-Mère, la Très Sainte Vierge Marie, je n’aurais guère l’espoir d’être un jour aguerri.
Que mes aînés pardonnent, mon peu de verbe
Que l’Esprit Lui me donne, un peu de verve.
Ainsi soit-il !
CHAPITRE I : Sire François
Lorsqu’on se donne pour Mission d’étendre le règne de la Très Sainte Vierge Marie, seul à l’amoureuse merci de la Sainte Providence, les rencontres se classent en trois catégories ;
La première et la plus nombreuse sont les indifférents,
La seconde est celle d’ennemis méprisants,
La dernière se compose de sympathisants.
Pardonnez que j’omette volontairement, les imbus que j’affuble du nom de garnements. Je préfère au contraire m’intéresser à ceux dont la douceur de cœur firent briller mes yeux.
Un beau jour me trouvant sur la route épuisé après avoir quitté un ami menuisier qui me pris sous son toit le temps de deux nuitées, ne sachant mon dessein un soucis me nuisait.
J’allais en Périgord au marché de Sarlat, craignant de n’être à l’heure pour mon apostolat, quand soudain un bel homme vît mon pouce levé arrêtant son auto au bord de la chaussée.
Auprès de son épouse se rendait guilleret, ce grisonnant monsieur au marché susnommé, pour y faire des emplettes pour le dîner suivant en bon Périgourdin qui respecte son rang.
Quand celui-ci compris mon modeste métier, qu’il me sût chansonnier et fidèle au Bon Roy, Ô que fût ma surprise lorsqu’il s’exclama, sans préambule aucun au grand cri de « MONTJOIE … … … … … … Saint Denis ! «
Fort loin de me douter que plus tard celui-ci deviendrait de ces hôtes dont le charmant logis, serait un doux refuge où après moult efforts, je trouverai toujours un précieux réconfort.
Comme beaucoup il était de ces pères de familles dont la demeure vidé de toute sa marmaille, sonnait creuse en l’absence de ses enfants partis trouver bonheur ailleurs si loin de leur bercail.
Il lui plût de me prendre sous son aile rassurante me narrant les contour d’une vie trépidante, que naguère il vécut auprès du tout-Paris avant que grâce à Dieu il se vît converti.
Sa moitié et François n’avait guère la même Foi, mais celle-ci le suivait le dimanche à Belvès, afin d’entendre Messe ensemble à chaque fois qu’il brulait d’adorer enfin le Christ-Roi.
Nous refîmes ensemble ce monde qui s’écroulait, irrités du spectacle d’une France qui coulait, mais de mets délicieux rendaient nos entretiens, Ô combien délectable et d’un heureux soutien. Je me souviens surtout qu’excitait nos esprits un amour commun envers le Bon Dieu, pour qui chacun de nous s’étant un jour épris dépassait les attentes des plus chers de nos vœux.
L’hôte si prévenant, aimable et avenant, me dispensait toujours ses conseils prudents, me cherchant quelques maîtres ici bas m’inspirant, Notre Dame m’exauça très généreusement.
De lui il me revient l’image d’un Gaulois, soumis au Seigneur mais réfractaire aux lois bafouant toute morale et s’avérant iniques, promulgués bien souvent par notre République.
Son flegme de vieux sage eut le don d’édifier, le regard naïf d’un jeune chansonnier, c’est pourquoi j’eus l’usage l’évoquant plus d’une fois de ne parler de lui qu’au nom de Sire François.
La noblesse incarnait autrefois la Vertu et la délicatesse d’un langage fleuri, raffinement qui déchût par les siècles passant et le vulgaire triomphe de la bourgeoisie.
Cet homme lui savait user de courtoisie, de ce soupçon d’humour et de poésie, me séant à merveille amoureux que je suis de la langue de Molière et de la Boétie.
Du village où ce très cher ami résidait, me fît avec passion la visite guidée décrivant chaque ruine et rustiques vestiges, ému des vieilles pierres objets de son estime.
Amateur des arts, sans lesquels sa vie ne serait qu’un désert, il me narrait souvent son passé d’antiquaire. La fière barbe blanche, de cette vieille branche lui donnait du crédit et un air érudit. Quand sonnait au clocher les douze coups de midi, après avoir chanté je revenais chez lui, le cordon bleu qu’était cet hôte aux petits soins toujours me gratifiait de plats de premier choix.
Souvent je me trouvais si loin de sa demeure, tentant d’être pour Dieu un modeste semeur, des nouvelles de lui me parvenaient alors me priant de lui rendre une visite encore.
Quand des lieues nous séparent l’un et l’autre n’oublient, guère dans leurs prières de se confier à Dieu, en nos cœurs souvent une étincelle luit, pensant avec tendresse aux instants que tous deux, partageâmes en rendant grâce à Notre Seigneur, Lui qui si généreux nous fîmes nous connaître, en ma longue Mission et mes rudes labeurs, notre amitié jamais je ne pourrais omettre.
Béni sois-tu Sire François,
Par Notre Bonne Dame Marie,
Que nous retrouverons un jour pantois,
Auprès de Jésus-Christ en Paradis.
Louis-Antoine, Servus Mariae

Bonsoir à vous…Vous êtes passé un mardi matin au marché de Sauveterre de Guyenne (33) et les catholiques /royalistes ainsi que le père Picault n’en ont rien su…De grâce, si vous revenez, faites le moi savoir…
Montjoie/ Saint Denis…MMCX