Tolérance ou Charité ?

« Si Jésus a été bon pour les égarés et les pécheurs, il n’a pas respecté leurs convictions erronées, quelque sincères qu’elles parussent, il les a tous aimé pour les instruire, les convertir et les sauver »
Saint Pie X, Pascendi Dominici Gregis

INTRODUCTION

Mes bien chers frères,
Nous aborderons aujourd’hui la question de la tolérance et de la charité.
Il me semble décisif de maitriser celle-ci pour pratiquer de façon plus efficace l’apostolat auprès des païens et des hérétiques.
L’absence de tolérance, est l’un des reproches les plus fréquents qui nous est fait, et c’est aussi l’un des prétextes le plus en vogues dans le monde pour ne pas se soumettre au joug de la Sainte Église et à la Doctrine que nous a légué Notre Seigneur Jésus-Christ. Avant de m’y atteler, je tenais à faire un rappel essentiel, à l’usage de ceux qui prétendent que nous pouvons suivre le Christ et bénéficier des promesses qu’Il nous a faites, sans la Sainte Église :

« … à la réalisation de ce bonheur temporel et éternel, Il a mis avec une souveraine autorité, la condition que l’on fasse partie de Son troupeau, que l’on accepte Sa doctrine, que l’on pratique la vertu et qu’on se laisse enseigner et guider par Pierre et ses successeurs » Saint Pie X, Pascendi Dominici Gregis, 42

LA TOLÉRANCE POLITIQUE

Pour commencer sur ce vaste sujet, m’appuyant sur Monseigneur Lefebvre, je rappelle cette distinction nécessaire dans le domaine de la politique :
« Tolérance : Devoir de charité et de prudence politique envers les minorités
Tolérantisme : Accorder aux dissidents les mêmes droits que ceux dont jouissent ceux qui sont dans la Vérité Morale et Religieuse » Ils l’ont découronné

Ce qu’a toujours défendu la Sainte Église dans ce domaine, ce n’est bien entendu pas qu’il faille persécuter quiconque étant en désaccord avec un article du dépôt de la Foi. Le Rôle de l’Église, et c’est aussi celui de l’État, est de permettre aux hommes par des bornes et des Lois, de tendre vers le Bien et vers le Vrai. Autrement dit, à l’image d’un parent éduquant son enfant, de punir ce qui est mal, et de récompenser ce qui est juste.
En séparant l’Église (l’âme) de l’État (le corps), et par une série graduée de réformes prétendument progressistes, les francs-maçons ont sciemment éliminé la Loi de Dieu de l’espace public, laissant ainsi les citoyens sans repères moraux, sans notion du Bien et du Mal, et j’irai même plus loin, les a enfermé dans cette erreur du relativisme moral, suggérant d’abord que le Bien et le Mal sont relatifs, pour en arriver à nier leur existence. Le temps et la déliquescence des valeurs faisant leur œuvre, cet avertissement de Saint Augustin est devenu réalité.

« À force de tout voir on finit par tout supporter ; à force de tout supporter on finit par tout tolérer ; à force de tout tolérer on finit par tout accepter ; à force de tout accepter on finit par tout approuver. » Saint Augustin

Sa Sainteté le Pape Pie VII, avait vu clair dans les plans de nos ennemis, prédisant que par la liberté des cultes, ils arriveraient à une telle confusion entre la Vérité appuyée par l’autorité légitime qui La garde (la Sainte Église), et le mensonge, fruit de l’orgueil humain, qui mène à l’hérésie :

« Par cela même qu’on établit la liberté de tous les cultes sans distinction, on confond la vérité avec l’erreur, et l’on met au rang des sectes hérétiques et même de la perfidie judaïque, l’Épouse sainte et immaculée du Christ, l’Église hors de laquelle il ne peut y avoir de salut. »

Cela va même plus loin, car pour la plupart des braves gens -de bonne foi-, il n’y a pas de différence d’autorité et de crédibilité, entre le sentence d’un Pape prononcé Ex Cathédra*, et une assertion lancée par un sophiste ou par Robert du PMU après une soirée arrosée.

*quand un Pape use en matière de dogme, de son infaillibilité pontificale, ex : Dogme de l’Assomption (1950)

LA CHARITÉ : ANTIDOTE CONTRE L’IDÉE DE TOLÉRANCE

« La Vérité est nécessairement intolérante pour l’erreur, comme la Lumière est intolérante pour les ténèbres. » Mgr Lefebvre

S’il nous est connu que nos armes les plus puissantes pour la conversion des pécheurs sont la prière et la pénitence, nous pouvons aussi tenter de convaincre nos frères errants par le biais du débat d’idée.
Nous rappelant toujours que nous sommes pécheurs et sujets à l’orgueil, cause de la blessure infligée à tous par le péché originel, nous devons toujours nous appuyer sur des autorités légitimes, à savoir ; la Révélation, le Magistère et la Tradition.
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort disait qu’un prêtre pieux sans science a un zèle aveugle, et qu’un prêtre savant sans piété, sera fatalement amené à devenir hérétique. Nous pouvons nous l’appliquer à nous aussi, simples fidèles.
Nous devons donc, mes bien chers frères, tenter humblement d’extirper par l’argumentation, ce mensonge de la tolérance, et lui préférer, la Charité que Notre Seigneur et Saint Paul nous ont si parfaitement prêché.
Mgr Lefebvre, avant de partir en mission au Gabon, avait puisé sa conviction dans son amour de la charité, il avait déclaré :
«  »La Vraie Charité est missionnaire, compréhensive envers les pécheurs, elle s’efforce de savoir le cheminement qui les a mené à l’erreur ou au péché, mais ceci pour pouvoir, avec patience, les tirer du péché, car ce n’est pas la charité que de maintenir les âmes dans l’erreur où le péché »
Il n’est pas si difficile de se faire entendre, en prenant l’exemple suivant.
Si l’un de nos proches se détruit en s’entêtant à commettre toujours la même erreur, qui est le véritable ami ; celui qui le corrige avec douceur pour son bien, ou celui qui est tolérant envers son vice, et se tait ? Je vous laisse le soin d’y répondre.

C’est justement la lâcheté qui consiste à ne rien dire pour ne pas se mettre en porte-à-faux, ou ne pas risquer un conflit, que l’on nomme le péché de « respect humain ». Ce qui nous amène au sujet du Catholicisme Libéral, qui conduit les chrétiens à commettre ce péché sans même se douter que c’en est un.

« Tout le Catholicisme libéral est renfermé dans une équivoque entretenue ; la confusion entre tolérance et approbation » Cardinal Billot

J’effleure cette question, mais la laisse de côté pour mieux y revenir dans ma série d’article dédiée au Modernisme « Vatican II, Troisième Guère Mondiale ».

MISSIONNAIRES OU DEMISSIONAIRES ?

« Il n’y a que deux chemins, un qui mène à la vie et qui est étroit, un qui mène à la mort et qu’il est large, il n’y a pas de voie médiane. »
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
Lettre Circulaires aux Amis de la Croix

Regardons Notre Trés Sainte Mère, qui à peine fécondée par l’Esprit-Saint lors de l’Annonciation, s’est hâtée de rendre visite à Sa cousine Élisabeth pour lui apporter le Christ.
Ne soyons-pas avares en gardant pour nous seul le trésor que Dieu a mis dans nos cœurs, et avec Son Aide Toute Puissante, devenons plutôt missionnaires !
Les libéraux souffrent d’un manque de confiance en la Vérité, et c’est pourquoi ils n’osent jamais affirmer quoique ce soit qui pourrait secouer la personne à qui ils sont censés apporter l’Évangile.
Voyez-ce que disait cet illustre prélat du XIXème siècle, cela s’applique plus que jamais en 2023 :

Au milieu de la dissolution générale des idées, l’assertion seule, une assertion ferme, nourrie, sans alliage, peut se faire accepter » Dom Guerranger, Le Sens Chrétien de l’Histoire

Ne doutez-pas mes bien chers frères, aucune doctrine humaine ne mène au Salut, seul Notre Seigneur Jésus-Christ sauve, l’enjeu du Salut des Âmes est le seul qui devrait nous importer (à commencer par la nôtre). Alors n’ayons pas peur ; soyons Catholique. Ce que j’exprimais sur la tolérance, est tout aussi valable pour la liberté (celle qui est mal comprise), comme le disait l’évêque d’Hippone.

 » Quelle mort plus funeste pour les âmes que la liberté de l’erreur » Saint Augustin

Et Notre Saint Père le Pape Léon XIII :

 » La Vraie dignité de la personne ne consiste pas dans la liberté d’errer ou de pécher, mais dans la liberté de penser et dire ce qui est vrai et de faire ce qui est bien »
Sa Sainteté Léon XIII, Encyclique Libertas Praestantissimum

J’en profite pour rappeler la définition de la liberté, donnée par Léon XIII :
« La liberté est la faculté de se mouvoir dans le bien. » Immortale Dei

CONCLUSION

Je n’ai qu’effleuré la Vertu Théologale de Charité. Pour démontrer que c’est Elle qui doit nous guider, je vous renvoie plutôt vers mon article du 28 janvier dernier sur la Conversion de Saint-Paul, et celui de mon fidèle collaborateur ViaAdSalutem sur ce même sujet.
Si vous avez des réflexions, des questions ou même des réserves à émettre concernant cet article, n’hésitez pas à commenter ou à m’écrire.
Je reste toujours ouvert à l’idée de me tromper, mais la Sainte Église, Elle, ne peut errer. C’est pourquoi il faut garder une confiance absolue en Elle et en Son Magistère constant, pour faire la volonté de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Que Dieu et Sa Très Sainte Mère vous gardent.

Servus Mariae

BIBLIOGRAPHIE
– Lettre Encyclique Pascendi Dominici Gregis, Saint Pie X
– Lettre Encyclique Libertas Praestantissimum, S.S Léon XIII
– Lettre Encyclique Immortale Dei, S.S Léon XIII
– 425 sermons, Saint Augustin
– La Somme Théologique, Saint Thomas d’Aquin
– Lettre Circulaire aux Amis de la Croix, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
– La Critique du Libéralisme, Cardinal Billot
– Ils l’ont découronné, Mgr Lefebvre
– Le sens chrétien de l’histoire, Dom Gueranger

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