Chers soldats du Christ, vous êtes conscients du combat spirituel que nous avons à mener ici-bas, tout au long de notre pèlerinage dans cette vallée de larmes. Mais êtes-vous certains d’être bien armés pour la bataille ? Voici trois secours pour fortifier notre âme, souvent négligés voire ignorés dans la pratique religieuse, qui nous accompagneront à chaque étape de notre vie et amèneront notre progrès spirituel.
La communion spirituelle
“La communion spirituelle est une communion de désir où l’on ne reçoit pas Jésus sacramentellement mais dans un désir qui procède de la foi et de la charité. En elle-même, elle se compose de trois éléments:
_d’un acte de foi en la présence réelle de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme sous les espèces eucharistiques
_d’un acte de désir exprimant notre envie présente de recevoir Jésus-Christ, comme nous souhaitons habituellement le recevoir dans la sainte communion à la messe
_d’une action de grâces, comme si l’on avait réellement communié, sachant que Notre Seigneur ouvre à celui qui frappe à la porte, donne à celui qui demande et le cherche.”
Tombée en désuétude, semble-t-il, dans la pratique notamment par l’absence d’instruction sur la vraie doctrine de l’Eglise sur le péché, la communion spirituelle est une étape qui peut faire partie de notre vie à tout moment.
“D’après saint Thomas d’Aquin, les effets de la communion spirituelle sont identiques à ceux de la communion sacramentelle mais avec moins d’intensité. Ceci doit s’entendre à égalité de dispositions, car il se peut qu’une personne communiant spirituellement reçoive plus de grâce qu’une autre personne communiant sacramentellement mais avec des dispositions moindres.”
Cela remet en question la pertinence et l’acharnement du combat largement médiatisé des partisans du “parcours de réintégration des divorcés remariés à la table de communion”. Ceux qui ont éprouvé “un grand soulagement après des années à se sentir exclus et jugés pour leur situation” n’ont sûrement pas été informés, je le redoute, de ce moyen salutaire pour recevoir les grâces qui leur sont nécessaires sans pour autant se mettre en danger ; car comme prévient l’apôtre Saint Paul :
« Quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. ” (1Corinthiens 11,29)
Ce n’est pas nécessairement aux fidèles mais plutôt au clergé, hautement responsable me semble-t-il, d’être jugé coupable de péché mortel, s’il y a lieu, pour ne pas avoir mis en lumière ce véritable don de Dieu.
« À l’exemple du sacrement, la communion spirituelle nourrit notre âme, répare les blessures occasionnées par les péchés véniels, augmente les vertus de foi, d’espérance et de charité ainsi que les autres vertus morales, fortifie dans les tentations, donne du plaisir à rechercher les choses spirituelles et à délaisser les biens et les joies terrestres, nous apporte la paix, la joie et la confiance.«
Le pêcheur aussi, même en état de péché mortel, peut y recourir. Notre-Seigneur peut lui donner la grâce du repentir et le disposer à faire une bonne confession. Elle a aussi pour effet de nous porter à communier sacramentellement le plus souvent possible et à nous y disposer, s’il le faut, par la réception du sacrement de pénitence.
Profitable à tous, tous peuvent donc y recourir en attendant de rompre définitivement avec leur état de péché mortel ; j’en ai personnellement fait l’expérience, car c’est bien souvent un cheminement qui se fait par étape et laisser croire implicitement que le pécheur serait abandonné de Dieu semble en opposition totale avec la vertu théologale d’espérance, le Seigneur accordant Sa grâce à qui vient la demander, nous ayant promis qu’Il sera “avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.”
La communion spirituelle peut se faire à tout moment du jour et de la nuit, il suffit de chasser les distractions et de se mettre en présence de Dieu et de nous porter, par l’imagination, au pied du tabernacle de notre église ou de notre chapelle. Saint-Alphonse de Liguori recommande la pratique de cette dévotion aussi pendant l’oraison mentale et la visite au Saint-Sacrement.
Dans la consolation comme dans la désolation, elle est ainsi un secours pour tous les chrétiens, particulièrement ceux qui ne peuvent assister à la messe en semaine ou ceux même qui trouvent malheureusement porte close à chaque église dans laquelle ils souhaitent se recueillir par une visite à Jésus présent dans le Tabernacle.
À la messe il est possible de faire la communion de désir et le moment le plus approprié est sans aucun doute celui de la communion du prêtre si l’on se dispose soi-même à s’approcher de la table sainte, ou lors de la communion des autres fidèles si une raison particulière nous tient encore éloignés de l’Eucharistie. ”
Tout d’abord, nous sommes invités à réciter un acte de contrition [1] si nous avions le malheur d’être en état de péché mortel, afin d’implorer la miséricorde divine.
“On peut s’inspirer de cette prière pour poser l’acte de la communion spirituelle : Seigneur, je vous crois présent dans l’Eucharistie. Je vous aime de tout mon cœur, et je me repens de vous avoir si souvent offensé. Venez dans mon âme qui n’aspire qu’à vous. Ô Marie, notre mère, donnez-moi Jésus. Désormais Seigneur, je me consacre à vous sans réserve. Ne permettez pas que je me sépare jamais de vous.” [2]
On peut également faire une communion spirituelle ou de désir mentalement (sans aucune formule) et gagner les mêmes indulgences. Et Dieu, répondant toujours à l’appel d’un cœur contrit et humilié, vient se rendre présent dans notre âme, pauvre petite demeure si indigne de recevoir un si grand honneur.
[1] Acte de contrition : « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence. »
[2] Citations issues d’un missel quotidien des fidèles (traditionnel latin conforme aux rubriques du missel de 1962)
La direction spirituelle
« Faites confiance à ceux qui vous dirigent et soyez-leur soumis ; en effet, ils sont là pour veiller sur vos âmes, ce dont ils auront à rendre compte. » (Hébreux 13,17)
Prêtre mis sur notre chemin par la Providence divine ; le directeur spirituel (qui peut être également notre confesseur habituel) est un personnage incontournable de la vie des grands saints. Ce que la psychanalyse puis la psychologie tentent d’accomplir en dédouanant l’homme de sa responsabilité, en le voyant comme un être entièrement matériel et surdéterminé par son environnement et ses sentiments, le sacerdoce y pallie en lui rappelant sa nature blessée, sa soumission aux tentations et à ses passions. Ses compétences sont nombreuses : aide à l’amélioration de nos examens de conscience, à la progression dans notre lutte contre notre défaut dominant notamment par l’incitation à la pratique des vertus qui y sont opposées, accompagnement dans nos problématiques relationnelles ; il nous pousse dans nos retranchements en nous dévoilant notamment lorsque nous nous mentons à nous-même sur nos tendances et nos imperfections.
Bénéficiant des grâces de son état pour pouvoir nous conseiller au mieux, il sait habilement associer les expériences pratiques de ses fidèles à la théorie qu’il a acquis au séminaire : là où nous nous relâchons par une attitude et des habitudes mondaines, où nous refusons l’effort de sanctification qui nous incombe, sa vision globale nous aidera à creuser un domaine sur lequel nos lacunes deviennent nos obstacles évidents, mais que nos amis laïcs de bon conseil n’auront pas su identifier.
Plus serviteur que maître, n’ayez aucune crainte de l’importuner : véritable vecteur de remise en question de nos habitudes, il nous fait progresser face à nos attaches déréglées et dans l’acceptation de la souffrance, nous rappelant à souhait l’exemple du Christ souffrant qu’il nous faut imiter en supportant patiemment les épreuves terrestres en vue de la récompense éternelle, ou de celui de la Très Sainte Vierge, créature parfaite qui doit être notre modèle afin de mériter d’être nous aussi couronnés au Ciel.
La retraite spirituelle
« Jésus sortit, s’en alla dans un lieu désert, et là il priait » (Marc 1, 35)
Voici quelques objections suivies de quelques considérations que j’y oppose.
“Je suis assez instruit.” Mesdames, messieurs, jeunes gens : si l’instruction religieuse est un devoir pour tous, le catéchisme formant sur l’aspect théorique ne peut que s’épanouir de par le sens pratique qui s’y ajoute avec sagesse au cours des retraites. Que ce soit durant les prédications ou lors des entretiens, les prédicateurs mettent aisément le doigt sur nos manques de compréhension ou d’applications concrètes de certains préceptes. Quand bien même vous sauriez esquiver habilement les questions, l’exercice obligatoire de la confession (générale ou semi-générale, c’est-à-dire depuis la dernière retraite) ayant également pour vocation de rattraper toutes vos mauvaises confessions ; vous ne pourrez fuir quand il s’agira de reconnaître humblement devant le prêtre, tenant la place de notre doux rédempteur, vos manquements voire votre ignorance vincible qui vous ont peut-être poussés à pratiquer une religion à la carte sur certains aspects.
“Je n’ai pas le temps.” Je m’adresse ici aux parents : le Seigneur vous a-t-il confié des âmes à élever pour le ciel comme un obstacle à notre sanctification ? Je crains bien que non ; et il me semble que lorsqu’il s’agit de confier vos têtes blondes le temps d’un dîner, d’une soirée, d’un week-end pour se retrouver entre époux, la crainte de les faire garder n’est plus si grande, n’est-ce pas ? Et lorsque vous disposez de vos 5 semaines de congés, il ne me semble pas que vous comptiez avarement le nombre de jours que vous accorderez à des vacances reposantes de votre devoir d’état, dans la détente loin de votre vie de pratique religieuse, et si vous pouviez financièrement consacrer ces 5 semaines uniquement au loisir cela ne vous rebuterait pas tant que ça ! Vous m’excuserez d’avance de considérer également le cas où, isolés de votre famille, vous n’ayez aucune personne de confiance à qui confier ces jeunes âmes. Or voilà justement que tout en conservant 3 semaines pour vos vacances familiales, le compte restant est tout juste de 2 semaines à dédier aux retraites, plus reposantes d’après les témoignages de parents recueillis que les vacances avec toute leur tribu, 5 jours pour monsieur et 5 jours pour madame : 1 semaine pour partir en retraite et 1 autre pour garder les enfants durant la retraite de votre conjoint. Deo gratias !
Si toutefois vous ne pouviez pas faire autrement, des retraites de foyers sont organisées 3 fois l’an par la Fraternité de la Transfiguration, où les enfants en bas âge (ceux allaités uniquement) peuvent être accueillis ; ils seront gardés (par des jeunes filles) lors des conférences et entretiens entre époux. Il est recommandé d’anticiper votre inscription : étant très sollicitées, les sessions sont vites complètes.
Quant aux étudiants, je leur laisse le constat du nombre de vacances disponibles tout au long de leurs études, et aux jeunes gens l’aveu qu’il n’y ait pas meilleur cadre pour se poser la question et élire sa vocation. Pour les fiancés, de nombreuses recollections sont également organisées à Mérigny ou au Moulin du Pin.
« J’ai mieux à faire.” Serait-ce la réponse que Notre Bon Pasteur vous fera lorsque, rappelés à Lui après avoir vécu sereins dans une paix dans le péché, vous Le supplierez de bien vouloir vous appliquer les mérites de Sa passion, au dernier moment afin de ne pas subir le redoutable châtiment éternel pour vos infidélités lors de votre pèlerinage sur une Terre d’exil désormais révolu ? Le temps consacré employé pour Dieu n’est jamais perdu, pensez-y.
“Ce n’est pas pour moi.” Saviez-vous qu’une indulgence plénière est accordée lorsque l’on fait au moins 3 jours de retraite spirituelle ? Bon nombre de fidèles ayant laissé passé des années depuis leur précédente retraite témoignent du grand bien que ces quelques jours leur ont fait, reconnaissant qu’ils en avaient bien besoin et que leur progrès spirituel en dépendait. Pensez également à l’abondance de grâces que vous obtiendrez par l’exercice de la confession générale, auquel une demi-journée est spécialement réservée au cours de ladite retraite : votre effort (à savoir se retirer seul, loin du monde et dans le silence) saura être récompensé ici-bas et même dans l’au-delà, imprimé définitivement dans votre livre de vie.
Alors, quelle retraite choisir ? “Trente huit Papes ont proclamé la puissance et l’efficacité des Exercices de Saint Ignace.” Mais il existe bien d’autres thèmes qui sauront répondre à vos besoins spécifiques : retraite du Rosaire, Prier avec les Psaumes, de Semaine sainte, Jésus notre modèle, avec Mgr Lefebvre, Mariale montfortaine, de vie chrétienne. L’offre est généreuse, vous pouvez toutes les expérimenter sans risque de vous lasser, tout en sachant qu’en suivant plusieurs fois la même retraite, comme pour une ignatienne, elle ne sera jamais vécue de la même manière à chaque fois en fonction de notre évolution.
Chers compagnons de route sur la voie du Salut, s’il est vrai que nous nous apprêtons à tuer le vieil homme en nous afin de ressusciter avec le Christ, ne considérons pas le temps pascal comme un repos bien mérité qui risquerait à terme de nous faire tomber dans une médiocrité spirituelle. Sachons profiter des secours que nous offre notre Dieu de par sa grande miséricorde, et dont nous fait disposer la Sainte Eglise. Ne nous relâchons pas en cette fin de Carême, et appliquons au moins l’une de ces propositions afin de ne pas nous attiédir et de continuer notre progrès spirituel tout au long de l’année liturgique.
Via ad Salutem, ad Majorem Dei Gloriam
Un avis sur « 3 armes spirituelles »