« Nous vous adorons Seigneur et nous vous bénissons, parce que vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix » Verset-Repons du Chemin de Croix
INTRODUCTION
Mes biens chers frères,
Les plus assidus auront cerné peu-à-peu les contours et les singularités de ma spiritualité. Si Notre Maître et Seigneur Jésus-Christ demeure pour tous les adorateurs du Seul-Vrai Dieu, notre Pasteur, si la Très Auguste Vierge Marie a un droit indéfectible à notre piété filiale, chaque chrétien, par la Grande Sagesse du Très-Haut, est amené à embrasser des dévotions qui lui sont propres et qui le dirige et le conduise sur la Voie de la Sainteté.
En ce qui me concerne, au delà de mes affections tendres et particulières pour Saint Joseph, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Sainte Clotilde, Saint Louis, Sainte Jeanne d’Arc, Saint Pie X et son fidèle disciple Mgr Lefebvre… il est un saint pour qui ma reconnaissance et mon amour dépasse celles de tous les autres -à l’exception de ma Souveraine et Maitresse Immaculée, Marie-, il s’agit de l’un de ses plus dévoués esclaves ; Saint Louis-Marie Grignon de Montfort .
Au delà du Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge, dont je ne vous aurai jamais assez vanté l’indicible qualité, il est deux ouvrages du Père Vendéen qui le dépasse en onctuosité et en profondeur théologique, le premier est « l’Amour de la Sagesse Éternelle », et le second auquel je vous introduirai aujourd’hui est sa « Lettre aux Amis de la Croix. »
CONTEXTE
Ce Saint prêtre, dont le Père le Crom a produit la plus excellente biographie, était comme je l’évoquais précédemment, l’apôtre de la Bretagne et de la Vendée au début du XVIIIème siècle. Entre ces différents ministère, comme tout bon prêtre qui se respecte, il s’adonnait à l’exercice de la Retraite Spirituelle.
C’est au sortir de l’une d’elle, chez les Jésuites de Rennes où il pratiquait les exercices de Saint Ignace, que l’Esprit-Saint s’est penché sur la Bassesse de son Servant, pour lui inspirer la « Lettre aux Amis de la Croix », qu’il introduit par ces mots :
» Aujourd’hui, dernier jour de ma retraite, je sors pour ainsi dire, de mon intérieur, afin de former sur ce papier quelques traits légers de la Croix, pour en percer vos bons cœurs. Plût à Dieu qu’il ne fallût, pour les aiguiser, que le sang de mes veines au lieu de l’encre de ma plume ! Mais hélas ! quand il serait nécessaire, il est trop criminel. Que l’Esprit donc du Dieu vivant soit comme la vie, la force et la teneur de cette lettre ; que son onction soit comme l’encre de mon écritoire ; que la Divine Croix soit ma plume, et que vos cœur soit mon papier. »
PRÉDICATEUR ÉLOQUENT DE LA CROIX
Le deuxième article de la Litanie lui étant dédié le qualifie ainsi ; « Prédicateur éloquent de la Croix, priez pour nous ». En effet, on constate encore son zèle missionnaire dés le début de sa Lettre.
« Les démons s’unissent pour vous perdre, unissez-vous pour les terrasser… les libertins s’unissent pour se divertir, unissez-vous pour souffrir »
Le ton est donné, la Voie Royale qui mène au plus haut degré de Sainteté que Dieu nous a prédestiné, est la Croix. Voie d’amoureuse souffrance, de mortification, de pénitence et de mépris de la Chair, du Monde et du Démon. Voici sa description d’un véritable Ami de la Croix :
« Il est un Roi tout-puissant et un héros triomphant du monde, du démon et de la chair dans leurs trois concupiscences, par l’amour des humiliations ; il terrasse l’orgueil de Satan, par l’amour de la pauvreté ; il triomphe de l’avarice du monde, par l’amour de la douleur, il amoindrit la sensualité de la chair... Un ami de la Croix est une conquête de Jésus-Christ crucifié sur le Calvaire en union de Sa Sainte Mère. »
Quelle heureuse formule à méditer pour éloigner de nous la diabolique tentation de l’orgueil, de la complaisance dans le succès, ou de l’absurde folie de prétendre avoir un quelconque mérite en possédant le trésor de la Foi et la vie en État de grâce … Non mes bien chers frères, souvenons-nous toujours que nous sommes une Conquête de Notre Seigneur, et que nous ne devons qu’à Sa Miséricorde et Sa Condescendance de nous voir compter parmi ses disciples.
Le Père de Montfort met en garde contre la voie large de la damnation, que la majorité emprunte, piétinant et méprisant ainsi le Sang de Jésus coulant pour les sauver…
« Il n’y a que des courageux et violents qui ravissent le Ciel de vive force, personne n’y sera couronné que celui qui aura combattu légitimement selon l’Évangile, et non pas selon la mode… Les mondains au contraire, pour s’animer à persévérer dans leur malice sans scrupule, crient tous les jours « la vie, la vie ! la paix ! la paix ! la joie ! la joie ! mangeons, buvons, chantons, dansons, jouons ; Dieu est Bon, Dieu ne nous a pas fait pour nous damner, Dieu ne nous défend pas de nous divertir« »
Criant d’actualité…
LA SAGESSE ÉTERNELLE A SOIF DE NOUS
Saint Louis-Marie, a ce privilège de faire parler Notre Seigneur, par l’Esprit-Saint, lui attribuant des paroles qu’il aurait certainement pu prononcer. Ici, il se lamente de notre lenteur et de notre tiédeur à embrasser Sa Voie, nous exhortant de nous convertir :
« Voulez-vous afin de vous conformer à ce siècle présent, mépriser la pauvreté de ma Croix pour courir après les richesses, éviter la douleur de ma Croix pour rechercher les plaisirs, haïr les humiliations de ma Croix pour ambitionner les honneurs ! J’ai beaucoup d’amis en apparence, qui protestent qu’ils m’aiment, et qui, dans le fond, me haïssent, parce qu’ils n’aiment pas ma Croix ; beaucoup d’amis de ma table, très peu de ma Croix.«
Combien n’en voit-on pas parmi les chrétiens, de prodigues en louanges pour Notre Seigneur devenant soudainement muets et passifs quand il s’agit par les actes de renoncer à soi-même par Amour pour Lui. Demandons à Dieu la grâce d’être préservé de cela et ne mésestimons pas que nous avons une grande responsabilité corrélée aux Lumières que Dieu nous a octroyé, en effet Jésus a dit :
» à qui on aura donné beaucoup, il sera demandé beaucoup, et à qui on aura confié beaucoup, on réclamera davantage. Luc 12-48 «
Le Père de Montfort rappelle, en s’appuyant sur les paroles de Notre Seigneur : « Si quelqu’un veut venir après, qu’il renonce à lui même, qu’il prenne sa Croix, et qu’il me suive »Mt 16-42, se résume en quatre actes implicitement appelés par cette directive du Christ :
– Vouloir devenir un Saint (« Si quelqu’un veut venir après moi »)
– S’abstenir (« Qu’il renonce à lui même »)
– Souffrir (« Qu’il porte Sa Croix)
– Agir (« Qu’il me suive »)
COMMENT PORTER SA CROIX ?
Pour bien porter sa Croix, il s’agit d’abord de la reconnaître et de ne point tomber dans ce que Saint Thomas d’Aquin appelle « la paresse active ». Celle-ci consiste à s’agiter dans tous les sens, prétextant de porter les croix des autres par charité, en négligeant son propre devoir d’état que Dieu nous a confié.
« Que cet homme, que cette femme rare, que toute la terre d’un bout à l’autre ne saurait payer, prenne avec joie, embrasse avec ardeur, et porte sur ses épaules avec courage sa croix, et non celle d’un autre ; sa croix, que par ma sagesse je lui ai faite avec nombre, poids et mesure. »
Il ajoute afin de préciser ce que contient cette Croix :
« Croix que Je lui ai taillée d’une partie de celle que j’ai portée sur le Calvaire, par un effet de la bonté infinie que Je lui porte ; sa croix, qui est le plus grand présent que Je puisse faire à mes élus sur la terre ; sa croix, composée :
– en son épaisseur des pertes de biens, des humiliations, des mépris, des douleurs, des maladies et des peines spirituelles, qui doivent par ma Providence, lui arriver chaque jour jusqu’à sa mort
– en sa longueur d’une certaine durée de mois ou de jours, qu’il doit être accablé de la calomnie, être étendu sur un lit, être réduit à l’aumône et être en proie aux tentations, aux sécheresses, abandons et autres peines d’esprit
– en sa largeur de toutes les circonstances les plus dures et les plus amères, soit de la part de ses amis, de ses domestiques, de ses parents…
– en sa profondeur des peines les plus cachées dont je l’affligerai, sans qu’il puisse trouver de consolation dans les créatures qui même, par mon ordre, lui tourneront le dos et s’uniront avec moi pour le faire souffrir. »
Croix qui ne l’oublions pas, est toujours proportionné à notre faiblesse, et accompagnée des grâces nécessaires pour la porter dignement, sans murmurer et sans se plaindre. Une fois Notre Croix bien identifiée (notre épouse, nos enfants, notre travail, notre vocation, nos amis pénibles et leurs défauts que nous devons supporter avec amour… Par une Vie Spirituelle Réglée, une Volonté Ferme de progresser dans la vertu et par-dessus tout, par une Espérance en Dieu seul, nous parviendrons sans aucun doute à la porter, et ainsi consoler le Sacré Cœur de Jésus et le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie par nos efforts.
CONCLUSION
Nul besoin d’en révéler davantage, « Le Lettre Aux Amis de la Croix » est courte -une trentaine de page- et facile à se procurer, je vous invite instamment à l’étudier et à la méditer en ce Triduum Pascal qui se profile, quelle lecture plus propice sur notre chemin liturgique vers le Calvaire -Vendredi Saint- et la Résurrection -Dimanche de Pâques- ?
Je vous souhaite une Sainte fin de Carême, en espérant que les expiations auxquels vous vous êtes adonnés durant ce temps, se prolongent et vous accompagnent jusqu’à la fin de votre séjour sur cette terre d’exil, et votre naissance bienheureuse au Ciel.
Bibliographie
– L’amour de la Sagesse Éternelle, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
– Lettre aux Amis de la Croix, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
– Livre d’or des Pères Montfortains
– Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Père le Crom
– Nouveau Testament, Saint Luc
Un avis sur « Aux Amis de la Croix »