Vivre marialement le Carême

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« Il n’y a point de nuit en Marie.  » Saint Louis-Marie Grignon de Montfort

INTRODUCTION

Mes bien chers frères,
Je commencerais par vous souhaiter à tous un Saint Carême, qu’il soit propice au progrès spirituel, aux fertiles résolutions, à nous rapprocher du Créateur, et bien sûr, à la pénitence nécessaire afin d’expier nos innombrables fautes.
Ce que je me propose dans cet éditorial, c’est d’encore une fois vous inciter à vivre avec, en, par et pour la Très Sainte Vierge Marie, à travers ce temps liturgique qui doit nous emmener avec Elle au pied de la Croix de Notre Seigneur, puis à Sa Glorieuse Résurrection.
La Sainte Eglise appelle ses brebis à ajouter à la Croix du devoir d’état, celle de la pénitence, principalement le jeûne et la mortification de la volonté, pour mieux la soumettre à celle du Bon Dieu.

PORTER SA CROIX AVEC MARIE

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort nous le rappelle au N°154 du Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge :

 « Il est bien vrai que les plus fidèles serviteurs à la Sainte Vierge, étant ses plus grands favoris, reçoivent d’Elle de grandes grâces et faveurs du ciel, qui sont les croix ; mais je soutiens que ce sont aussi ces serviteurs de Marie qui portent ces croix avec plus de facilité, de mérite et de gloire »

Alors nulle raison d’hésiter, au risque de me répéter, Elle est le chemin le plus court, le plus aisé et le plus sûr pour aller à Jésus.
Quelle meilleure partenaire dans ce Carême, que Celle que le Saint nomme la « confiture des croix ». Quelle heureuse compagnie, quel refuge assuré dans la tentation, quelle source de force et de persévérance que la Mère des Douleurs, Elle-même qui a plus souffert dans sa vie terrestre, que « tous les saints et les justes réunis ».
Je propose de profiter de ce temps, pour apprendre -ou améliorer- cette salutaire pratique qu’est « Le Perpétuel Recours à Marie ».
 

NOTRE DAME DU PERPETUEL SECOURS

Provoquons son perpétuel secours par notre perpétuel recours ! En particulier pour rester fidèle aux résolutions que nous aurons pris pour ces 40 jours (en accord avec notre directeur spirituel qui sera plus à même, nous connaissant, de nous guider vers la mesure la plus nécessaire et la plus raisonnable pour notre âme).
Que ce soit la tentation de rompre notre jeûne, celle de démissionner d’un engagement pris ou dans la lutte contre notre défaut dominant, invoquons le nom de Marie pour recevoir la grâce actuelle qui nous évitera de succomber, et mettra en fuite les démons qui veulent nous perdre. Une simple oraison jaculatoire suffira -« Terreur des malfaiteurs, priez pour Nous' »- le tout étant de vivre le plus possible en sa consolante présence, vous serez alors édifiés des fruits abondants que vous récolterez.
Cet exercice est une gymnastique qui ne s’acquiert pas du jour au lendemain, c’est une grâce qu’on doit demander chaque matin :

« Ô Bonne Mère, aidez votre pauvre serviteur à toujours recourir à vous, dans le travail, dans les joies, dans les tentations, dans les peines et dans les croix, et si j’omet de le faire, rappelez-moi délicatement votre présence pour m’inviter à vous invoquer encore ».

Afin de progresser dans cette pratique, il est bon d’inclure dans son examen de conscience du soir, un examen particulier de notre fidélité au perpétuel recours.
Voici d’autres résolutions que je vous propose, pour le bien de votre âme et pour la plus grande gloire de Dieu.

LECTURE SPIRITUELLE

Le mot est lâché, celui qui terrifie bien des chrétiens ; la lecture spirituelle.

« à celui qui veut marcher dans le chemin de la vertu, rien de plus indispensable que la lecture de livres pieux. » Saint Athanase

« Elle est la nourriture de l’âme : elle la rend intrépide et forte contre les tentations, lui inspire de saines pensées, un ardent amour du ciel, éclaire l’intelligence, échauffe la volonté, console toutes les peines ; elle est enfin la source de cette joie spirituelle qui est la seule vraie et selon le cœur de Dieu. » Saint Ambroise, perfection chrétienne

Certains me diront que c’est un conseil bien facile à dispenser, de la part de quelqu’un ayant un amour et une inclination naturelle pour la lecture… raté ! 
Pardonnez que j’évoque mon cas personnel, je suis un paresseux pathologique, et j’ai acquis la fidélité à la lecture par un effort incessant, mais surtout par la grâce de Dieu obtenue par la prière. Il n’y a encore pas si longtemps, je pouvais passer des mois sans ouvrir un livre. L’appétit vient en mangeant, et aujourd’hui, Dieu m’ayant octroyé tant de Lumières et de Grâces en récompense de mon effort à lire d’avantage, je ne peux plus m’en dispenser, comme si mon salut en dépendait.

Cette digression a pour fin de réprouver d’avance vos « voix » intérieures -qui sont du démon- qui vous murmureront sans doute « La lecture ce n’est pas pour moi, je trouverais un autre moyen de me sanctifier ». Si vous ne faîtes pas durant le Saint Carême, quand le ferez-vous ? N’oubliez pas, que comme en tout, la quantité importe peu, c’est encore la fidélité que vous devez viser pour plaire au Bon Dieu et à Sa Très Sainte Mère, que votre résolution en ce sens soit donc raisonnable et proportionnée à ce que vous êtes et au temps dont vous disposez.
Le Carême est d’ailleurs un temps opportun pour identifier tout ce qui est chronophage et nuisible à notre salut ; le temps passé sur internet et les écrans en général, l’oisiveté (à ne pas confondre avec le repos du juste), l’anarchie dans l’emploi du temps, le divertissement excessif etc…  Tout ce temps que nous ne perdrons plus en futilités, pourra être employé à de pieuses lectures -mariales de préférence- et à l’oraison.

L’ORAISON

L’Abbé Castelain, que j’ai eu l’insigne honneur d’avoir pour directeur en Retraite Mariale Montfortaine, nous conseillait de ne pas chercher midi à quatorze heures dans le choix de nos pénitences, la meilleure selon lui, est le quart d’heure d’oraison quotidien. Il y a peu que j’y suis fidèle, mais je peux d’ores et déjà témoigner de la véracité de son affirmation.
En effet, c’est un pallier ardu à franchir et qui coûte à notre volonté, c’est pourquoi il est méritoire de s’y atteler. En effet, lorsqu’on a déjà une vie spirituelle réglée -prière du matin et du soir, chapelet quotidien, communion hebdomadaire et confession mensuelle- la fidélité à l’oraison nous ouvre à un monde inconnu et insoupçonné ; un paradis céleste où prospère les consolations et les ressources qui nous sont nécessaires pour tenir face à l’adversité et l’Esprit du monde.  
L’Oraison en union avec Marie, nous rapproche de cette Auguste Souveraine et nous aide à trouver refuge en son sein maternel et y goûter le lait de la grâce qu’elle dispense à tous ses enfants qui en font la demande, et qui s’humilient devant Sa Grandeur et Ses Privilèges.

Méditez chaque jour un article du Traité de la Vrai Dévotion, du Salve Regina, ou mieux encore, pour rester dans l’esprit de pénitence auquel la Sainte Eglise nous invite, Ses Sept Douleurs :

– La prophétie de Siméon
– La fuite en Egypte
– La disparition de l’Enfant-Jésus au Temple
– La rencontre de Jésus portant sa Croix durant le Calvaire
– Marie, debout au pied de la croix
– Le Corps inanimé de Jésus remis à sa Mère
– L’ensevelissement de Jésus dans le sépulcre

LA PLUS SOLIDE DES DEVOTIONS : LA SAINTE MESSE

On ne dira jamais les grandeurs du miracle perpétuel qui se déroule sur les autels. Il est même parfois difficile à croire, à mesurer, à saisir, l’Amour Infini que le Seigneur a pour nous, en nous renouvelant les mérites propitiatoires qu’il nous a obtenu lors de sa Passion et de Sa Crucifixion, à chaque fois que le Saint Sacrifice de la Messe est offert par l’un de ses ministres.
Les Pères Montfortains proposent une méthode pour entendre la Sainte Messe en union avec Marie, que je vous résume ici :
Au moment où va commencer le Saint Sacrifice, dites-vous avec un grand respect : « Me Voici sur le Calvaire » .. Au Confiteor du prêtre, songez aux angoisses du Sauveur dans le Jardin des Oliviers, faites un court examen de vos péchés et élevez votre cœur vers la Très Sainte Vierge. Elle vous préparera à vous immoler avec son Fils.
L’introït et le Kyrie vous rediront les soupirs ardents de la Vierge qui avancèrent la venue de Jésus sur la Terre, le Gloria le chant des anges à Sa naissance dans l’étable de Bethléem, l’Epitre et l’Evangile ; les merveilles dont Marie fût témoin durant la Vie du Christ, L’Offertoire ; le mystère de la Présentation de l’Enfant au Temple, où Notre Mère, pour notre Salut, offrit à Dieu le Père cet inestimable sacrifice.
La Consécration, sommet de la Sainte Messe, nous rappellera l’immolation de Jésus au Calvaire, et l’union parfaite de Marie debout au pied de la croix -Stabat Mater-, sans se révolter du sort de Son Fils, par amour pour Ses enfants spirituels que nous sommes, et qu’Elle a engendré dans la plus vive douleur à cet instant… et enfin la Communion, ou nous considèrerons que le fruit de Ses entrailles nous est donné par Elle une fois encore. Après lui avoir demandé de venir habiter dans notre cœur pour recevoir Jésus, nous pouvons Lui offrir par ces douces paroles : « Mère, voilà Votre Fils ».

LE CHEMIN DE CROIX EN UNION AVEC MARIE.

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort propose une méthode pour cette si noble pratique qu’est le chemin de croix en union à Marie. Si vous avez la chance, comme nous l’avons au Prieuré Saint Louis de Nantes, d’avoir un chemin de croix en commun chaque vendredi de Carême, ne soyez pas avares de votre temps et allez y cueillir les mérites et les indulgences qui y sont attachés.
Cet exercice est sans doute le plus parfait pour obtenir la contrition de nos péchés et le ferme propos de ne plus retomber. La Tradition nous enseigne que la Très Sainte Vierge Marie, après l’Ascension de Notre Seigneur, retournait parfois à Jérusalem sur le chemin qui mène au Golgotha, revivant dans son cœur les souvenirs déchirants de Sa Passion. Méditons alors sur la profondeur de ses sentiments et de sa douleur, en ravivant ses souffrances par Sa Parfaite Oraison.
Heureuse l’âme qui parcourt le chemin de croix, se rappelant avec gratitude, que la Passion est la source de notre Salut, et que Notre Mère dévorée par les angoisses, a voulu offrir les déchirements de son Cœur par amour pour Nous.

CONCLUSION

J’ai essayé d’aller à l’essentiel, il est évident qu’il existe bien d’autres manières de vivre saintement le Carême, mais celles-ci me semblent opportunes.
Regardons la disposition des apôtres et Celle de Notre-Dame, après la Mort de Notre Seigneur sur la Croix. Eux perdaient la Foi, noyés dans un trouble indicible, Elle, restait la dernière bougie allumée dans le monde, habitée par l’Espérance certaine de Sa Résurrection imminente.
Le Père de Rouville dans son « Imitation de la Très Sainte Vierge Marie », nous livrait cette considération : les apôtres, avant la Résurrection et la Descente du Saint Esprit lors de la Pentecôte, étaient lents à croire, lents à comprendre, lents à suivre la Volonté de Dieu… Mais eux, contrairement à nous, n’avaient pas ce trésor que nous possédons ; à savoir la certitude que la Promesse est accomplie ; Le Christ est ressuscité, son Sang nous a lavé de nos iniquités, et Il nous appelle à Sa Suite pour glaner la Béatitude Eternelle.
Alors ne soyons pas lents à croire, lents à espérer, lents à aimer et servir notre Dieu et notre prochain ! Nous n’aurons pas l’excuse au Jour du Jugement, de ne pas avoir été prévenus ou de n’avoir point su ce que le Seigneur attendait de nous.
Quelles furent les exigences de Notre Dame, quand elle nous honorâtes de ses Apparitions à La Salette, à Lourdes et à Fatima ? :
« Priez mes enfants, et faites pénitence ! »

Que Ses enfants l’entendent, et que Son Cœur Douloureux et Immaculé nous obtienne la fidélité, le zèle et l’obéissance filiale à Ses exhortations. Ô Marie Reine des cœurs, priez pour nous pauvres pécheurs. Ainsi soit-il !

                                               Louis-Antoine, servus Mariae

BIBLIOGRAPHIE
Le Livre d’Or des Pères Montfortains
Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
Le Secret de Marie sur l’Esclavage de la Sainte Vierge, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
Imitation de la Très Sainte Vierge Marie, Père de Rouville
Imitation de la Bienheureuse Vierge Marie, Thomas A Kempis
Les Gloires de Marie, Saint Alphonse-Marie de Liguori
Le Cœur Immaculé de Marie, Philippe Legrand
La Vierge Marie, Révérend Père de Chivré
Ma Mère, Père Joseph Schrijvers
Vie de Marie, Mère de Jésus, Franz Michel William
Les Sept Douleurs de Notre Dame, Domincius, Editions du Sel
Merveilles de Lourdes, Marie-Magnificat NDL Editions
La Vierge Marie dans l’Histoire de France, Marquis de la Franquerie
La Perfection Chrétienne, Saint Ambroise
Conduite pour passer saintement le Carême, R.P Avrillon
Le Carême au jour le jour, Abbé Patrick Troadec
Nouveau Testament, Saint Matthieu, Luc, Marc, Jean

Publié par Louis-Antoine

Auteur-compositeur-interprète, rédacteur et analyste historique, politique et théologique. Propriétaire du domaine https://dieulafranceetleroy.fr et auteur de l'album du même nom.