Le Jour le plus important de l’Histoire de l’Humanité

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INTRODUCTION

Mes bien chers lecteurs,
Je vous souhaite une Sainte et Joyeuse Fête de l’Annonciation qui nous remémore l’aboutissement de millénaires de supplications, de lamentations, de prières et de larmes du Peuple d’Israël. L’humanité pourtant déchue par le péché d’Adam, par l’Infinie Miséricorde Divine, s’est vue promettre un Sauveur, un Rédempteur qui rachèterait ses innombrables fautes qui ont profondément blessé la Majesté de Dieu. Le Tout-Puissant étant Juste, il n’était pas convenable que notre dette soit réglée autrement que par un Holocauste proportionné à l’ampleur de nos fautes. Pour mesurer la laideur du péché, il faut considérer la largeur, la longueur, et la profondeur de la Bonté de l’objet offensé, qui est Dieu, et c’est pourquoi, seul l’Incarnation et le Sacrifice de l’Agneau Immaculé pouvait nous rendre à nouveau propice au Père Éternel.

Le Mystère de l’Incarnation « et verbum caro factum est et habitavit in nobis » (Et le Verbe s’est fait Chair, et il a habité parmi nous), est au cœur de notre Vie Chrétienne, et plus particulièrement, est le mystère propre de la Dévotion Mariale Montfortaine et du Saint Esclavage.
Je tâcherais de mettre en lumière en cette heureuse occasion, par différents biais, la Grâce ineffable que nous a fait le Bon Dieu en nous rachetant par le Sacrifice Propitiatoire de Son Fils Unique, le rôle central de la Très Sainte Vierge Marie dans l’œuvre de la Rédemption et la réponse de notre volonté qu’appelle une telle délicatesse de la Très Sainte Trinité.

COMMENT DIEU SE SERT DE MARIE DANS L’INCARNATION

« Quelques demandes qu’aient faites les patriarches et les saints de l’ancienne loi, pendant quatre mille ans pour avoir ce trésor, il n’y eût que Marie qui l’ait mérité et trouvé grâce devant Dieu par la force de ses prières et la hauteur de ses vertus » VD17

 Il y a une formulation que je me plais à entendre, celle qui affirme que Notre Sainte Mère a hâté la venue du Messie. Si l’on se focalise souvent sur son Fiat qui a permis l’Incarnation, il est bon de considérer ce qu’elle a pu mériter avant même la venue de l’Ange, pour faire fléchir le cœur de Dieu.
Depuis son Immaculée Conception dans le sein de Sainte Anne, à l’Annonciation, Elle a répondu positivement à chacune des grâces que Dieu lui a octroyé, multipliant ainsi Ses mérites dans des proportions qui dépassent notre entendement. « Vous avez plus de vertus Sainte Vierge, que le Ciel n’a d’étoiles » dit la Quatrième Antienne de la Petite Couronne de la Sainte Vierge.
L’Obéissance, la Pureté, La Sagesse, la Force, la Foi, l’Espérance, la Charité et par-dessus tout l’Humilité, qui est la Gardienne des Vertus, sans laquelle toutes les autres sont absolument vaines et stériles, ont été exercées au plus haut degré de perfection par Notre-Dame.
Fille Chérie du Père, Mère aimée du Fils, Épouse féconde du Saint Esprit, elle a le privilège d’une relation on ne peut plus intime avec chacune des personnes de la Très Sainte Trinité.

« Venez, mon élue, et je vous établirai sur mon trône, car le roi s’est épris de votre beauté »
Cantique des Cantiques

Le Tout Puissant a fondu devant Son Humble Servante, et a permis qu’Elle porte la Lumière du Monde en son sein, après lui avoir demandé son consentement par l’entremise de l’Ange Gabriel, à qui elle répond « Ecce ancilla domine, fiat mihi secundum verbum tuum » (Voici la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon Votre Parole).
Voyons maintenant, quel est le lien entre le Saint Esclavage Montfortain, et le Choix de Dieu de S’incarner en Marie.

ESCLAVAGE D’AMOUR, ESCLAVAGE VOLONTAIRE

« Dieu fait homme a trouvé sa liberté à se voir emprisonné dans Son Sein. » VD 18

Quel mystère et quelle Sagesse de Dieu que Sa dépendance à Marie et à Joseph lors de Sa vie terrestre, comme pour nous montrer la nécessité de l’ordre, de la hiérarchie et de la famille, il nous montre la voie en se montrant parfaitement soumis aux parents qu’Il s’est choisi, lui qui a fait le Ciel et la Terre.

« Oh, qu’on glorifie hautement Dieu, quand on se soumet pour lui plaire, à Marie, à l’exemple de Jésus-Christ notre unique modèle » VD 19

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort rappelle qu’il existe trois sortes d’esclavages ;
L’esclavage de nature, auquel sont soumis toutes les créatures à leur Créateur, qu’elles le sachent ou non, qu’elles le veuillent ou non
L’esclave de contrainte, à laquelle sont soumis les damnés, les âmes qui peuplent l’Enfer éternel et les démons, qui malgré leur haine pour le Tout-Puissant, sont soumis à sa Divine Justice
L’esclavage d’amour et de volonté, c’est celui par lequel nous devons nous consacrer à Dieu par Marie, de la manière la plus parfaite dont une créature puisse se servir pour se donner à Son Créateur

Ce sur quoi je veux insister, quoiqu’en disent les fausses philosophies libérales, c’est que nous sommes des esclaves qu’on le veuille où non, par la Grâce de Dieu nous pouvons choisir l’esclavage d’Amour à un Maître et un Père qui ne veut que notre félicité et notre bien, où au contraire, comme le Monde nous y incite, nous pouvons préférer l’esclavage du péché, de la chair et du démon.
Cela nous rappelle à quel point la Liberté, n’est bonne que si elle est orientée vers sa juste fin, qui est le Bien. La liberté d’offenser et de crucifier Notre Seigneur, la liberté de transpercer d’un glaive le Cœur de Marie, la liberté de perdre son âme pour l’éternité, la liberté de nuire au prochain, la liberté de préférer sa propre volonté à Celle de Dieu, de préférer la Matière à l’Esprit, la Chair à l’Âme … n’ont que peu d’attrait aux yeux d’un véritable chrétien, et être prêt à tout pour glaner ces fausses libertés est signe d’infirmité morale et spirituelle.

Rien de plus suave à l’âme que d’être un esclave de l’Auguste Mère de Dieu, quand bien même nous serions un mauvais esclave comme c’est mon cas, à cause de notre corruption et de notre concupiscence… le lait de sa grâce, l’abandon à Sa Conduite, l’espérance en Ses Vertus et aux Mérites de Notre Seigneur sur la Croix, permettent un progrès spirituel surnaturel dont notre seule faiblesse serait bien incapable… Ce progrès a pour fin de former en nous le Christ, afin qu’Il agisse par notre entremise. Il faut pour cela se montrer fidèle à cette sublime dévotion, et en gravir les échelons par le quart d’heure d’Oraison quotidien, la récitation du Rosaire et l’assistance assidue à la Sainte Messe.

« Plus le Saint Esprit a trouvé Marie, Sa chère et indissoluble épouse dans une âme, plus il devient opérant pour former Jésus-Christ en cette âme, et cette âme en Jésus-Christ » VD 20

L’IMITATION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

La discrétion de Marie dans les Saintes Écritures est troublante, nous n’avons qu’une quantité bénigne de Ses Sages paroles et de Ses Actes, mais elles forment à elles-seules une Loi suffisamment Juste et Intégrale pour nous mener au Ciel, par son Imitation ou par l’obéissance au seul ordre qu’Elle nous a donné aux Noces de Cana : « Faites tout ce qu’Il vous dira » Jean 2,5.
Concernant l’Imitation, concentrons-nous sur l’événement que nous fêtons aujourd’hui, à savoir l’Annonciation.

« L’ange étant venu vers elle, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre les femmes. Celle-ci, l’entendant, fut troublée de ses paroles, se demandant ce que pouvait bien signifier cette salutation. »

Pourquoi ce trouble de la Très Sainte Vierge ? C’est le fruit de Son Humilité, bien entendu, Elle s’est toujours considérée comme la plus vile des créatures, la plus indigne, et c’est cela en particulier qui a touché le cœur de Dieu : la considération de sa faiblesse. Lorenzo Scupoli dans « Le Combat Spirituel » nous invite à « nous défier de nous même, pour n’espérer qu’en Dieu ».
C’est ce que Notre Mère pratiquait déjà à chaque instant en sa vie terrestre, et le fait que l’Ange du Seigneur l’appelle « pleine de grâce […] bénie entre les femmes » l’a plongé dans une profonde confusion. Après que Saint Gabriel lui ait explicité le Plan de Dieu, la conception dans son sein d’un enfant qui sera nommé Jésus, Fils du Très-Haut, qui règnera sur le Trône de David et dont le règne n’aura pas de fin, voici sa réponse :

« Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? »

Elle avait, malgré ses fiançailles avec Saint Joseph, prononcé un vœu de virginité… ce qui pour l’époque, au sein du Peuple d’Israël, n’était pas un mince sacrifice : il signifiait pour une femme qui le prononçait, de renoncer à la possibilité de porter le Rédempteur, ce dont toutes les femmes d’Israël rêvaient au fond d’elles. Et pourtant, c’est son désintéressement, son amour de la Vie Cachée, son désir d’être connue de Dieu seul, qui lui attira le Verbe, qui la choisit pour Sa Mère.
On ne décèle dans sa question pas une once de révolte car Sa Foi la guidait, ni un brin d’orgueil en cherchant à expliquer l’inexplicable par la seule Lumière de Sa raison… elle avait simplement besoin d’explications supplémentaires pour comprendre ce que la Majesté Divine attendait d’Elle, et elle demanda humblement cette précision. L’Ange la rassure alors, en lui apprenant que Sa virginité n’en sera point entachée, car c’est par l’Opération du Saint Esprit qu’elle deviendra féconde, et non par l’acte habituel permettant la conception d’un enfant. Une fois cette interrogation dissipée, sans négocier ni hésiter, pourtant bien consciente des conséquences, elle consent,et ainsi, Jésus-Christ, la Sagesse Éternelle, fait sa demeure dans l’arche de son sein.

Quelles leçons concrètes pouvons-nous tirer de ce dialogue entre l’Ange et La Très Sainte Vierge ? Il nous faut, pour La suivre, avoir Confiance en Dieu, nous soumettre à Sa Volonté, rester toujours Humbles devant Lui, ne jamais douter de la Bonté de Son Intention quand bien même notre raison serait troublée, il faut aller jusqu’au Sacrifice et nous abandonner à Sa Providence. Le Révérend Père de Chivré, dans l’un de ses sermons disait que notre Vie Chrétienne est une myriade d’Annonciations, qui ne trouvent malheureusement pas toujours écho par notre Fiat -notre consentement-… alors examinons nous chaque jour, cherchons dans la retraite, le silence et la prière la Volonté de Dieu « Parlez Seigneur, votre serviteur écoute » Samuel, et tâchons de répondre toujours à Celle-ci par ces mots : « Voici l’esclave du Seigneur, qu’il me soit fait selon Votre Parole. »

MOYENS POUR PROGRESSER DANS NOTRE QUALITÉ D’ESCLAVE

Comme nous le savons, dès lors que l’on désire s’améliorer dans la Vie Spirituelle, et donc dans les vertus qui lui sont corrélées, il ne s’agit pas simplement d’agiter de vagues promesses et de vains principes tels que « je vais essayer d’être plus tempérant, moins orgueilleux… », mais bien de prendre des moyens concrets, proportionnés, et raisonnables. Notre fidélité à ces résolutions sera alors une condition sine qua non pour arriver à notre fin, qui est de plaire à Dieu. Je n’en ait pas l’autorité, mais je permets humblement de vous partager cette maxime que je me murmure souvent pour vaincre la tentation de m’attiédir : Stagner, c’est régresser.
Concernant le progrès dans la dévotion au Saint Esclavage, qui est d’une exigence considérable, il faut le reconnaître ; j’ai déjà évoqué dans mon billet du 11 février « Le Triomphe de l’Ave », quantité de pratiques de piété salutaires telles que « La Petite Couronne de la Sainte Vierge » ou la Dévotion aux Cinq Premier Samedi du Mois. Dans mon éditorial du 22 février « Vivre Marialement le Carême », je soulignais l’importance du Perpétuel Recours à Marie, pour agir toujours avec, en, par et pour Elle afin de vivre avec, en, par et pour Jésus. Dans mon introduction à la dévotion mariale Montfortaine du 28 janvier, j’indiquais les Confréries dans lesquelles s’engager, les retraites spirituelles nous permettant de nous armer suffisamment pour embrasser cette dévotion, ou encore les lectures propices à nous faire grandir dans la compréhension de ces mystères.
Je souhaite dès lors revenir sur un point en particulier qui me semble être celui qui touche le plus le cœur de Dieu, il s’agit de l’anéantissement pur et simple de notre volonté propre. Cette entreprise ne se réalise pas en un jour, elle nécessite de passer par des étapes intermédiaires pour nous habituer à haïr notre volonté pour lui préférer celle de Dieu, à s’en méfier le plus possible, et on en revient au perpétuel recours en questionnant toujours Notre Très Sainte Mère, sur l’adéquation de notre volonté au Souverain Bien. En ce temps de Carême où les principaux sacrifices auxquels nous invite la Sainte Église sont le jeûne, l’aumône et la pénitence, il est important d’offrir chaque jour quelque chose de plus dans le domaine de la volonté.
Je vous encourage donc, mes biens chers frères, à un examen de conscience particulier sur les attaches déréglées, qui sans être forcément des péchés, peuvent être un frein et un empêchement pour que la Divinité puisse œuvrer en nous.
Dans le domaine du divertissement, des interactions sociales, des zones de conforts dans lesquels nous nous complaisons, nous pouvons tous trouver chaque jour un renoncement, quand bien même il serait petit, à offrir à la Très Sainte Vierge.
Si vous êtes fumeur, renoncez à votre envie qui peut être compulsive de temps à autre ; si vous êtes gourmands, éliminez le sucre, le beurre, le sel ou les épices ; si vous avez tendance à céder aux sollicitations sociales et amicales, octroyez à la Sainte Vierge un temps de silence et de prière au détriment des conversations mondaines ; si vous avez une addictions aux écrans, examinez les activités les plus chronophages et les moins utiles -voir les plus nuisibles- (regarder du sport, écouter de la musique, les films, les séries, l’actualité etc…) pour les éliminer petit à petit, en commençant par les amoindrir. Je précise que je ne désigne pas toute ces activités comme nécessairement mauvaises, simplement les réduire voir les éliminer, quand notre Devoir d’État ne nous y oblige pas, aide indéniablement à se rapprocher du Bon Dieu. Moins les futilités auront de place dans nos vies, plus la Sagesse Éternelle en aura, et ainsi, nous sanctifiera.

« Celui qui veille dés l’aurore pour La trouver, ne la cherchera pas longtemps, car il la verra assise à sa porte. » Livre de la Sagesse, Chapitre VI

L’important étant de chaque soir, durant notre examen de conscience, après avoir considéré nos fautes et nos faiblesses, pouvoir offrir à Notre Mère, une petite offrande, même si elle vous parait ridicule, si elle est le fruit d’un renoncement à vous même, elle lui plaira sans aucun doute, et Elle vous dispensera la Grâce nécessaire pour lui offrir davantage le lendemain. Elle ornera vos mérites pour les déposer au pied du Trône de Dieu et vous plairez à Notre Adorable Créateur.

CONCLUSION

J’espère que, par la Grâce de Dieu, le pauvre esclave que je suis aura contribué à vous venir en aide par ces conseils et ces éclaircissements. Le Seigneur nous appelle chaque jour à nous convertir à nouveau, et j’espère que cette Fête de l’Annonciation sera pour nous tous un nouveau départ, un regain de Force pour reprendre la route vers le Salut avec toujours plus d’ardeur, de dévouement et d’amour pour Jésus et Marie, et qu’elle nous donnera le courage pour renouveler le ferme-propos de faire ce qui est en notre pouvoir pour devenir de meilleurs chrétiens.
Je conclurais par un dernier conseil, pour ceux qui n’ont pas encore embrassé cette si douce pratique, qu’est la récitation de l’Angélus trois fois le jour -7h, 12h, 19H-, voilà une résolution peu coûteuse mais si fructueuse, qui vous refera vivre l’Annonciation tous les jours de votre vie. Vierge Fidèle, priez-pour nous.

« Daignez Seigneur répandre Votre Grâce en nos âmes, afin qu’ayant connu par la Voix de l’Ange, l’Incarnation de Jésus-Christ Votre Fils, nous parvenions par les mérites de sa Passion et de Sa Croix, à la Gloire de Sa Résurrection, par le même Jésus-Christ Notre Seigneur, ainsi soit-il. »
Oraison de l’Angélus

Servus Mariae

Bibliographie
Le Livre d’Or, Pères Montfortains
Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
Le Secret de Marie sur l’Esclavage de la Sainte Vierge, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
L’amour de la Sagesse Eternelle, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
La Vierge Marie, Révérend Père de Chivré
Imitation de la Très Sainte Vierge Marie, Père de Rouville
Imitation de la Bienheureuse Vierge Marie, Thomas A Kempis
Les Gloires de Marie, Saint Alphonse-Marie de Liguori
Le Cœur Immaculé de Marie, Philippe Legrand
La Vierge Marie, Révérend Père de Chivré
Ma Mère, Père Joseph Schrijvers
Vie de Marie, Mère de Jésus, Franz Michel William
Le Combat Spirituel, Lorenzo Scupoli
Nouveau Testament, Saint Matthieu, Luc, Marc, Jean

Publié par Louis-Antoine

Auteur-compositeur-interprète, rédacteur et analyste historique, politique et théologique. Propriétaire du domaine https://dieulafranceetleroy.fr et auteur de l'album du même nom.

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