Les Croisades : Chapitre IV

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INTRODUCTION

Vous pouvez retrouvez les quatre premiers articles sur ce même sujet ici même :
– Genèse
 Chapitre I : Du Concile de Clermont à la Prise de Jérusalem
– Chapitre II : De Baudouin Ier à Foulque d’Anjou
Chapitre III : Saint Bernard & la IIème Croisade
Je vous propose aujourd’hui de vous narrer la période s’étendant du couronnement de Baudouin III sur le Trône de Jérusalem (1152) au début de la IIIème Croisade (1187). Nous observerons la lutte et le respect mutuel entre Baudouin III et Nour-El-Dine et l’émergence de l’illustre Saladin.

CONTEXTE DE LA PRISE DE POUVOIR

Comme nous l’avions évoqué lors du Chapitre II, Foulque d’Anjou a rendu son âme a Dieu le 13 novembre 1143, le futur Baudouin III n’est pas en âge de régner -il a alors 12 ans-, comme souvent dans ce genre de cas, de nombreuses factions complotent contre ce Trône laissé à un enfant.
C’est à Mélisande de Jérusalem, fille ainé de Baudouin du Bourg, que revient la régence. C’est dans ce contexte que Zengi a repris Edesse aux chrétiens. C’est également la Reine de Jérusalem qui a demandé à Sa Sainteté Eugène III de faire prêcher une IIème Croisade pour lui venir en aide, ce qu’il fit par l’entremise de Saint Bernard de Clairvaux. Durant son règne, elle continue la politique de Foulque en restant alliée avec Damas contre Zengi et son fils Nour-el-Din. L’alliance est rompu en 1147.
Après l’issue calamiteuse de la IIème Croisade (1147-1149), Melisende sentant la fin de son règne arriver, espère se faire couronner avec son fils Baudouin III, mais ce dernier dû prendre les armes pour récupérer son dû, et se présentant seul au Sacre, il envoyait un message on ne peut plus limpide ; c’était à son tour de régner et il n’y avait pour cela nul raison de s’encombrer de sa mère et de partager le pouvoir. Il est alors couronné le 31 mars 1152, jour de la Résurrection de Notre Seigneur.
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Il est dés lors temps d’évoquer un personnage tristement célèbre, il s’agit de Renaud de Chatillon. Il avait épousé Constance, la veuve de Raymond II d’Antioche, pour tenter de récupérer la Principauté. Arrivé sur-place, cet homme sans foi ni loi fouetta jusqu’au sang le Patriarche Aimery de Limoges et lança des raids sur Chypre et les Arméniens, qui n’étaient pas précisément nos ennemis prioritaires, et même si j’ose dire -pour les Arméniens-, absolument pas non ennemis. Ces raids furent d’une ignominie sans nom : viols, saccages, prêtres orthodoxes mutilés… en radical opposition avec l’esprit chevaleresque que le Croisé se tient de garder.
Durant les premières années du règne de Baudouin III, nous retrouvâmes enfin le goût de la victoire, après la prise d’Ascalon aux Fâtimides.
Le 19 août 1153, toute la côte Syro-Palestinienne était Franque.

NOUR-EL-DIN CONTRE-ATTAQUE

Nour-el-din, digne adversaire de Baudouin III, consacrera sa vie entière à la Guerre Sainte (Djihad), il est considéré par les arabo-« musulmans » comme leur Saint Emir, c’est leur Saint Louis à eux, la vraie religion en moins. La simplicité de sa vie, sa mortification, sa piété manifestée par son zèle pour la prière et le Djihad lui font mériter ce titre aux yeux des mahométans.
Le 25 avril 1154, il parvint à prendre Damas et ainsi unifier la Syrie « Musulmane », sa guerre contre les Francs commencera véritablement en Mai 1157.
Alors que le Roi de Jérusalem venait d’épouser la nièce de l’Empereur Byzantin Manuel Comnéne, Théodora, elle qu’il aimera jusqu’à sa mort, cette alliance matrimoniale semblait enfin propice à nous donner la victoire sur les islamistes, en s’alliant aux Schismatiques autoproclamés « orthodoxes ». D’autant qu’en fin médiateur, Baudouin avait réconcilié Arméniens et Byzantins, le front européen semblait suffisamment solide pour l’emporter.
Après un certain nombre de victoires, nous aurions pu porter le coup de grâce, mais Manuel Comnéne exigea simplement de Nour-El-Dine, la libération des otages chrétien, ce gredin a sciemment laissé vivre la Syrie « Musulmane » pour ne pas renforcer la Puissance Franque en Terre Sainte, ce qui coûtera très cher à la chrétienté.
Dans le même temps, notre ami Renaud de Chatillon fût fait prisonnier à Alep pour une durée de seize ans, laissant Antioche à Constance, qui fût elle tentée de se jeter dans les bras des Byzantins… Dieu merci, Baudouin s’y rendit à temps pour conforter l’élément latin.
Baudouin III lui, rendra son âme à Dieu, le 10 janvier 1162 à Beyrouth, probablement empoisonné par son propre médecin. Il disparait sans tâche, sans faute politique, pleurés par beaucoup, et même par les mahométans qui trouvait doux son joug.

SALADIN, SULTAN EN DEVENIR

Après qu’Amaury Ier, frère de Baudouin, fût monté sur le Trône, le nouveau Roy lance alors une opération de reconnaissance en Égypte. Il empêchera une première fois Nour-el-Din d’annexer l’Égypte à son Empire déjà conséquent en 1164, et une seconde fois en 1167. Pour ce faire, le saint émir avait envoyé un officier kurde du nom de Shirkuh… Ce dernier finît par parvenir à prendre Alexandrie et le confia à son neveu Saladin, qui fît le choix de rendre Alexandrie à ses possesseurs légitimes -les Fâtimides-, en échange de la promesse d’Amaury de quitter l’Égypte.
Amaury de son côté, comme son frère avant lui, épousa une Nièce de l’Empereur de Constantinople ; Marie Comnène… pour tenter une nouvelle fois de former un front commun entre latins et grecs.
Dans un second temps, il mit l’Égypte et son Calife Châwer sous protectorat Franc, en cas de nouvelle attaque de Shirkuh et Saladin… Mais Châwer trop confiant, fît appelle à Shirkuh et vît ce dernier et son neveu, le trahir et l’arrêter.
Le Kurde devint donc seul maître à bord, mais mourant rapidement, Saladin lui succèda pour de bon le 25 mars 1169.
Le futur Sultan, mit fin au califat d’Égypte, éteignit ce que l’Islam orthodoxe appelle « l’hérésie » chiite, et réunifia ainsi l’Islam.
Le 15 mai 1174, Nour-El-Din meurt à Damas et le 11 juillet, Amaury Ier s’éteint à son tour atteint par le typhus à Jérusalem… fauché au vol alors qu’il venait de contracter une nouvelle alliance avec les Byzantins.
C’est alors que profitant de la mort de Nour-El-Din, Saladin se rendit à Damas pour annexer la totalité de la région -à l’exception d’Alep-, pour se forger un bel Empire, à la tête duquel il mènera bien des batailles contre les Croisés.

DE BAUDOUIN IV A LA IIIEME CROISADE

Baudouin IV -dit le lépreux- succède à Amaury à la tête de la Syrie Franque, malgré sa maladie, il était brillant, savant et a maintes fois prouvé qu’il était un valeureux chrétien -ce qui n’est pas peu dire-. Sa santé empirant, Raymond III, comte de Tripoli (de Tibériade et de Galilée par sa femme) fût nommé régent.
Le jeune roi et le régent tinrent Saladin en échec à Alep et à Béqu en juillet 1176, et une nouvelle fois dans la Vallée des Térébinthes le 25 novembre 1177.
Saladin et les Francs se rendaient coup pour coup, alternant échecs et succès, une trêve fût alors signée en 1180, ce qui équivalait alors à la paix.
Mais à l’image de Bohémond de Tarente des décennies auparvant, il y avait un personnage dont la chrétienté et la France se serait bien privé et qui refaisait toujours surface pour envenimer la situation… c’est Renaud de Chatillon.
Libéré de prison en 1182, il rompt l’alliance sans l’accord du Roy, et se fît le plaisir coupable d’intercepter des caravanes de pèlerins allant de Damas à La Mecque pour les piller… bravo mon seigneur, c’est du propre.
Il n’en fallut pas plus pour nous attirer les foudres de Saladin, qui avait beau être vertueux, ne tombait pas pour autant dans la bonasserie… il mit alors la Galillée à feu et à sang. Le Roy lépreux l’empêcha tout de même de prendre Beyrouth en Août 1182. En juin 1183, Saladin annexe enfin Alep, assombrissant les desseins des Francs.
La lèpre du Roy s’intensifiant également, un nouveau régent fût nommé : Guy de Lusignan, qui était l’époux de la sœur de Baudouin… mais le voyant fol et incapable, il jeta ensuite son dévolu sur Raymond III pour tenir les rênes du pouvoir.
Renaud de Chatillon continue son cirque et coupe à nouveau les convois à destination de la Mecque, ambitionnant même de prendre le contrôle sur l’Océan Indien… mais sans succès.
Le 16 mars 1185, Baudouin IV rendit son âme à Dieu et fût enseveli près du Golgotha.
Son Dauphin Baudouin V le suit dans le tombe en septembre 1186, et c’est alors qu’une conspiration hourdie par Sibylle, Renaud -encore oui-, Guy de Lusignan, Gerard de Ridefort (Maître du Temple), Joccelin III et le Patriarche aux mœurs légères Héradius, parvint à bafouer la volonté du Roy lépreux, en faisant couronner Sibylle et Guy de Lusignan au grand dam de Raymond III, le successeur légitime. Le Ciel se chargera de punir ces margoulins.
En effet, le 3 juillet 1187 a lieu le désastre de Tibériade, Guy, Renaud et Gérard sont faits prisonniers par Saladin, qui fût clément avec l’usurpateur Guy, mais se fît un plaisir de décapiter Renaud à coup de sabre pour lui faire payer toutes ses infamies.
Le 10 juillet, Saladin prend Saint Jean d’Acre, il laisse alors le choix aux chrétiens de rester sous l’occupation musulmane, où bien d’émigrer en tout sécurité.
C’était sans conteste un homme d’honneur, mais là ou il n’était pas, ses lieutenants réduisait les chrétiens en esclavage.
Le légendaire Sultan continue sa razzia, et nous enlève Beyrouth ainsi que les Ports Libanais le 6 août 1187, il entame ensuite le 20 septembre, le blocus de Jérusalem… la plupart des chrétiens présents voulaient mourir en martyr, mais le Patriarche Héraclius les dissuada pour couvrir sa propre lâcheté, Saladin l’emporta, et se montra encore une fois magnanime.

CONCLUSION

Voilà mes chers lecteurs, la situation, au moment où la IIIème Croisade va être prêchée en Europe Occidentale, prédication à laquelle répondront Richard Cœur de Lion, Roy d’Angleterre, et Philippe-Auguste, Roy de France. Ils cesseront temporairement les hostilités entre leurs Royaumes pour s’allier contre l’Islam conquérant.
En 1188, la Syrie Franque ne se réduit plus qu’à Tyr, Tripoli, Tortose et Antioche, les infidèles avaient gagné, mais il faut reconnaître la haute vertu de leur chef Saladin dont il est difficile de dire du mal, il est honorable d’être vaincu par un ennemi d’une si grande dignité… Mais les Francs n’avaient pas dit leur dernier mot : Conrad de Montfort, arrivé à Tyr en juillet 1187, allait devenir l’instigateur de la résistance, et ayant pris le pouvoir, il chargea l’Archevêque de Tyr de partir prêcher en Occident pour obtenir l’aide tant attendue.
Nous évoquerons au Chapitre V, la période s’étendant du début IIIème Croisade (1189) au jour ou Saint Louis décidera de à son tour de prendre la Croix (1244).
D’ici là, que Dieu vous garde !

Servus Mariae

BIBLIOGRAPHIE :
– L’épopée des Croisades, René Grousset
– L’esprit de la Croisade, Jean Richard
– Histoire du Catholicisme en France, E.Delaruelle-A.Latreille-S-R Palanque
– Histoire de France, Jacques Bainville
– Histoire de la France, Jean-Christian Petitfils
– Pour en finir avec le Moyen-Age, Régine Pernoud




Publié par Louis-Antoine

Auteur-compositeur-interprète, rédacteur et analyste historique, politique et théologique. Propriétaire du domaine https://dieulafranceetleroy.fr et auteur de l'album du même nom.

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